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que ne manque jamais d’engendrer un grand et long débat. Une active et prépondérante participation à l’essor de nos voies ferrées leur avait acquis d’ailleurs une autorité incontestée. Ils n’étaient pas seuls à se faire entendre. Les conseils-généraux, les conseils municipaux, les chambres de commerce, les chambres consultatives des arts et manufactures, divers comités généraux ou particuliers élevaient la voix de toutes parts. Grâce aux nombreux documens émanés de tant de sources différentes, jamais, on peut le dire, la situation économique, jamais les besoins et les ressources du sud et du sud-ouest de notre pays n’avaient été aussi profondément fouillés. Les publications lancées par l’une et l’autre compagnie, dont toutes les affirmations, tous les calculs ont été réciproquement passés au laminoir et soumis à une critique sévère, pourront longtemps être consultées comme un très utile répertoire.

Les témoignages des localités intéressées complétaient le tableau par des renseignemens plus minutieux, plus circonstanciés, plus intimes. Dans l’examen des tracés, des directions, des points de soudure, chacun des corps représentant les départemens ou les villes avait le droit ou pour mieux dire le devoir de soutenir les intérêts mêmes dont il était l’expression. C’était une condition pour que tous les côtés du litige fussent éclairés. Voilà comment le raisonnement et la controverse finirent par répandre la plus vive lumière sur un vaste pêle-mêle d’intérêts, et par permettre de dégager la vérité des exagérations que pouvaient offrir les prétentions isolées.

Dans sa résistance aux projets du Midi, qu’elle dénonça dès le premier moment comme une menace d’invasion, la compagnie de Paris à Lyon et à la Méditerranée n’opposa d’abord qu’une réfutation quelque peu dédaigneuse. Si le chemin de Lyon, c’est un fait à reconnaître, sut à merveille se servir d’efficaces moyens de défense, ce n’est pas par ceux-là qu’il avait commencé. Il ne fut guère qu’agressif dans ses premières évolutions. Le côté faible de cette tactique, dont le caractère fut tout provisoire, c’était celui auquel on attachait peut-être le plus de prix, j’entends la prétendue irruption du Midi dans le domaine de ses voisins du sud-est. Rien de moins justifié que cette plainte, rien de moins conforme à l’esprit véritable de la législation des chemins de fer et à la tradition gouvernementale. Évidemment là n’était pas le nœud de la question. Il n’était pas non plus dans le chiffre des dépenses qu’entraînerait le chemin du littoral ou dans certaines difficultés d’exécution. Il ne fallait pas le chercher non plus dans l’intérêt de la navigation du Bas-Rhône. Les compagnies qui desservent le fleuve, et qui, alors même qu’elles ne sont pas conduites par leurs entreprises jusqu’à l’embouchure,