Mais à qui alors? (Silence.) Ainsi tu refuses de répondre?... Comment t’appelles-tu?
Je suis Lisette, la fille du jardinier.
Ah! tu es Lisette! C’est toi qui faisais rendre hier soir au comte Herman sa bourse qu’il avait perdue? (A part.) Et moi qui vantais son désintéressement! (A Lisette.) Tu as raison d’être discrète; mais sache dorénavant qu’il est encore plus imprudent d’écrire que de parler... Ta justification auprès de Dorothée coûterait bien cher à celui qui t’avait donné rendez-vous. (Lisette sort.)
Ah! c’en est trop ! Tomber de la comtesse à Lisette! Jouer le bonheur de sa femme, le sien, contre une méprisable fantaisie! Voilà de quoi lasser la plus indulgente amitié!... Que son infamie soit connue, qu’il reste écrasé sous la honte de la découverte, certes je ne ferai rien pour l’empêcher... Oui, mais sa perte entraîne fatalement celle d’Isabelle, et j’ai juré de la sauver... Ah! si je pouvais, en la préservant, punir le coupable!
Ah! mon ami, elle revient à elle! Le docteur en répond! Fritz et Emma sont auprès de son lit... Quel cœur que ce Fritz!... Oh! je vous en prie, à l’avenir ne vous moquez plus de lui; il m’a promis de prendre ma défense.
La belle affaire ! Il te défend parce qu’il n’a rien compris... Et Emma?
Emma se tait. Vous concevez d’ailleurs que je n’avais ni le temps, ni l’envie de causer avec elle... Ils sont convenus de se retirer sur un signe de vous... C’est à vous maintenant de faire le reste... Ma vie est entre vos mains.
Soit! j’y vais. (A lui-même en s’en allant, avec indignation.) Trompeur invétéré qui se trompe lui-même!... Ne dirait-on pas, à l’entendre, le modèle des maris?