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et un dessinateur, ainsi que le prouvent ses Vues des Monument antiques de Rome, son Architecture italienne, sa Chronologie des rois d’Égypte, ouvrage couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il est surtout l’architecte de l’Hôtel-de-Ville, qu’il a achevé, agrandi, doublé, œuvre importante à laquelle il s’était préparé par une étude de plusieurs années, et où l’on ne saurait trop louer l’habileté avec laquelle l’ancien monument a été encadré dans un monument plus vaste. Gilbert (1822) a construit l’hospice des aliénés à Charenton, grande et monumentale composition, d’un bel aspect, où les ordonnances les plus rationnelles ont réuni les suffrages des esprits les plus opposés, et la prison de Mazas, dont on admire l’appropriation si intelligente à toutes les destinations d’un semblable édifice. En 1823, le prix fut remporté par Duban, artiste dans l’âme, doué d’un sentiment exquis, d’une élégance rare, érudit, délicat, cherchant la perfection avec cet amour qui était le privilège. des artistes de la renaissance et la rencontrant souvent. Sa restauration du Louvre est un chef-d’œuvre. Dans son palais de l’École des Beaux-Arts, élevé quelques années après son retour de Rome, il égale la richesse, la variété, l’imprévu, l’ensemble des effets de l’architecture des beaux temps, et lorsqu’un rayon de soleil éclaire ces portiques, ces cours, ces ruines qui servent de complément, à la décoration, ces sculptures précieuses ajustées dans l’architecture, on se croit transporté en Italie. Henri Labrouste (1824) est l’architecte de la Bibliothèque Sainte-Geneviève et de la Bibliothèque impériale. Si à Sainte-Geneviève le goût et les ornemens surprennent au premier aspect, une étude approfondie fait bientôt sentir la distinction, la finesse, les qualités choisies de l’artiste et sa puissante originalité. Sa restauration de la Bibliothèque impériale, hérissée de difficultés, a enlevé tous les applaudissemens. Ce n’est pas seulement une restauration méthodique et consciencieuse ; l’intelligence de l’architecte développe en quelque sorte son sujet, et le marque d’un cachet individuel : le pavillon d’angle de la rue de Richelieu est pour les connaisseurs une des parties les plus intéressantes et les plus complètes. Duc (1825) est l’architecte du Palais, de Justice, où tout dénote la conscience, le goût du vrai, l’amour de l’art ; la colonne de Juillet, qui est une de ses œuvres, tout en étant inspirée par les modèles antiques, a sa physionomie propre, et ne ressemble pas aux colonnes romaines.

De 1826 à 1848, l’architecture n’est pas moins dignement représentée par les pensionnaires de Rome. Vaudoyer (1826) construit à Marseille cette belle cathédrale qui dominera un jour les nouveaux ports et sera un des édifices mémorables de notre siècle. Tout en prenant à l’art roman ses traditions les plus nobles, sa fermeté toujours