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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre 1863.

Le parallélisme des phases de la politique intérieure et de la politique extérieure se poursuit avec une remarquable exactitude. D’une part, la vérification des pouvoirs est achevée, et le nouveau corps législatif est constitué ; de l’autre, toutes les réponses des souverains à l’invitation impériale ont été publiées par le Moniteur, et il est aujourd’hui manifeste que la réunion d’un congrès n’aurait pu produire d’entente générale, qu’elle n’eût point pacifié l’Europe, enfin qu’elle n’aura pas lieu. Voilà deux épisodes commencés en même temps, qui ont été clos simultanément et qui nous ont conduits au même entr’acte. Avant d’entrer en conjectures touchant les travaux ultérieurs de notre diplomatie et de notre assemblée représentative, occupons-nous de l’intermède qui va remplir cet entr’acte.

Cet intermède est financier. D’ordinaire le quart d’heure de Rabelais arrive à la fin d’une campagne ; il se présente cette fois-ci au début de la saison politique. La conclusion du rapport de M. le ministre des finances, c’est un emprunt de 300 millions. Quand un gouvernement a résolu un emprunt et s’est décidé à l’annoncer, l’intérêt public exige qu’il l’accomplisse le plus tôt possible. La perspective d’un emprunt exerce sur le crédit public une influence qui affecte l’ensemble des intérêts financiers et tient en suspens un grand nombre d’affaires. Il faut abréger le plus qu’on le peut cet intervalle d’incertitude qui sépare le moment où un projet d’emprunt est annoncé du moment où il doit être réalisé. Nous supposons qu’en présentant au corps législatif le projet du nouvel emprunt de 300 millions, le gouvernement réclamera l’urgence pour cette proposition, et que le corps législatif ne fera point difficulté d’accorder à la discussion et ad vote de l’emprunt la priorité sur la discussion et le vote de l’adresse. Tout porte donc à croire que la première discussion du corps législatif aura l’emprunt pour objet, et qu’à cette occasion la question financière tout entière se posera devant la chambre et devant le pays.