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au XVe siècle, il y vient des navires qui se chargent d’excellent vin et de froment. » C’était autrefois le port de Cnosse, connu sous le nom d’Herakleion. De là vient l’habitude qu’ont prise récemment les Grecs, qui veulent passer, pour gens du bel air d’appeler Candie Herakleion. Le peuple chrétien ou musulman, d’un bout à l’autre de l’île, en désigne la capitale sous le nom de Megalo-Kastron, mot à mot, la Grande-Forteresse.

La plus ancienne ville de la Crète ancienne, celle qui y posséda jusqu’à la conquête romaine une prépondérance incontestée, Cnosse, n’a pas laissé de ruines. Sur des hauteurs qui dominent au sud-est la petite plaine où s’élève Candie, le nom d’un misérable village, Makriticho ou le Long-Mur, apprend à l’antiquaire qu’il y eut là autrefois de, grandes constructions ; mais il y aperçoit tout au plus quelques informes débris de massifs de brique. Il y a cependant au-dessus de ce hameau des tombeaux semblables à ceux d’Haghios-Thomas et de grandes salles creusées dans le tuf friable de ces collines. On s’explique facilement la disparition de Cnosse : à côté d’elle s’est élevée Candie, qui, bâtie à ses dépens, a employé les grands blocs, de ses murailles et les marbres de ses édifices, enlevant pierre à pierre tout ce qui pouvait rester, après tant de.vicissitudes et de ravages, de la cité déchue.

Il resterait à décrire la région du Dicté, mais elle est très loin de présenter le même intérêt que la région de l’Ida ou que celle des Monts-Blancs. Le Dicté est bien moins élevé que ces deux autres montagnes ; il n’a ni la majesté de l’Ida et les fertiles vallées qui se déploient entre ses contre-forts allongés, ni les âpres ravins et les infranchissables défilés des Monts-Blancs, et ces sauvages retraites où quelques hommes de cœur, tant que la, race n’en sera pas perdue, pourront tout au moins arrêter et tenir longtemps en échec la puissance même d’un grand empire. Les sommets s’abaissent dans toute cette région orientale, et l’île même se rétrécit. Au fond du golfe qui s’ouvre au pied du cap de Spina-Longa, elle ne présente plus d’une mer à l’autre qu’une étendue de 12 à 13 kilomètres. La largeur redevient ensuite plus grande, mais sans que les montagnes du district de Sitia, qui terminent la Crète à l’orient, aient l’ampleur et le développement de celles qui, dans la province de La Canée, forment, sous le nom de cap Grabuse et de montagnes de Selino, la côte occidentale. Cette contrée ne constitue même point une division administrative séparée ; le pachalik de Sitia, qui avait été créé après la conquête turque, a depuis longtemps été supprimé, et tout ce qui est à l’est de l’Ida appartient à la province de Candie.

Il y a sur la côte nord quelques ports assez bons dont on paraît avoir tiré parti dans l’antiquité, celui de Spina-Longa particulièrement