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par un sentiment unanime. Il a rejeté la condition proposée et y a substitué un article portant que jusqu’à la nouvelle constitution, commune à toutes les parties du royaume hellénique, le roi des Hellènes exercerait dans les sept îles les pouvoirs qui lui ont été concédés en Grèce par l’assemblée nationale d’Athènes. Cependant le cabinet britannique a paru encore chercher à faire prévaloir le principe du dualisme quand il s’est appliqué à établir pour les îles, dans le traité du 14 novembre, une situation de droit public et une situation commerciale différentes de celles de la Grèce.

Certainement l’Angleterre, abandonnant spontanément le protectorat que lui avait confié l’Europe et que nul n’avait le droit de lui enlever, pouvait très légitimement poser aux Ioniens les conditions qu’elle trouvait bonnes, même d’aussi dures que celles du traité du 14 novembre ; mais les principes des relations internationales l’obligeaient à stipuler ces conditions tout d’abord avec les Ioniens eux-mêmes. Les sept îles constituant d’après le droit public un état libre et indépendant, en possession de sa souveraineté, trois pactes successifs devaient se faire, le premier entre l’Angleterre et l’état ionien, le second entre les puissances signataires du traité du 9 novembre 1815, le troisième entre la Grèce et les puissances protectrices, et les trois conventions devaient être identiques. L’Angleterre n’a point procédé ainsi : elle a conclu un pacte avec l’état libre et indépendant des Iles-Ioniennes sous certaines conditions, et sous d’autres un pacte avec l’Europe. Lorsqu’elle a demandé aux représentans du peuple septinsulaire s’ils persistaient dans leur vœu d’union à la Grèce, elle leur a soumis dix articles relatifs presque tous à des questions d’engagemens financiers, en leur déclarant que c’étaient les seules conditions qu’elle mît à l’union. Ces articles ont été en partie adoptés par le parlement, en partie modifiés d’accord avec le gouvernement anglais, et ils ont constitué le pacte entre l’Angleterre et l’état ionien. Le parlement de Corfou en a même ajouté un onzième, portant que les forteresses, propriété de la république ionienne, devraient être immédiatement remises entre les mains du roi des Hellènes. Sur celui-ci, le gouvernement britannique a répondu qu’il ne lui appartenait pas de résoudre à lui seul une question d’un intérêt européen, mais qu’il prenait l’engagement de soutenir devant les autres puissances les droits et les demandes du peuple septinsulaire. Quelques jours auparavant, le lord haut-commissaire, répondant à une députation spéciale du parlement ionien, avait déclaré d’une manière officielle, au nom de son gouvernement, que l’on ne devait avoir aucune inquiétude sur la question des forteresses, qu’il n’y aurait ni démolition ni prolongation de l’occupation anglaise. La mention de ce fait existe dans les procès-