Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est-à-dire d’abaisser le centre de gravité de la frégate en l’allégeant par les hauts et en descendant dans les fonds une plus grande quantité de poids. C’est un point des plus importans à remarquer pour ce qui va suivre.

3° La Couronne, commandée par M. Penhoat, capitaine de vaisseau. C’est une frégate de 40 canons d’un modèle particulier. Ses formes et ses dimensions diffèrent de celles de la Gloire, bien qu’elle soit visiblement née sous la même inspiration. Elle a les extrémités moins aiguës et plus arrondies, ce qui lui donne une apparence beaucoup plus agréable à l’œil. Sa longueur est de 80 mètres, sa largeur de 16 mètres 70 cent., son tirant d’eau moyen de 7 mètres 60 cent., son déplacement de 6,076 tonneaux, sa hauteur de batterie de 1 mètre 98 cent. À ce tirant d’eau, elle porte trois mois de vivres et de rechanges, un mois d’eau, et 650 tonneaux de charbon. Cet approvisionnement pourrait facilement, en cas de besoin, aller jusqu’à 1,000 tonneaux. La superficie de la voilure est de 1,620 mètres répartis sur trois mâts, dont deux à phare carré ; mais ce qui distingue surtout la Couronne, c’est que sa coque est en fer, construite avec des tôles de 2 centimètres d’épaisseur. Pour disposer la cuirasse sur ce bordé, on l’a consolidé extérieurement par une membrure en cornières dont les intervalles sont remplis par une épaisseur de bois de teak de 28 centimètres, sur laquelle règne une épaisseur de fer de 34 millimètres, séparée elle-même par un second boisage de teak de 10 centimètres des plaques de la cuirasse proprement dite, qui ont 10 centimètres d’épaisseur à la flottaison et 8 dans les hauts. Le système défensif de la frégate se trouve donc, en fin de compte, composé d’une double épaisseur de bois de 38 centimètres et d’une triple épaisseur de fer à la flottaison de 13 centimètres 1/2, en y comprenant la tôle de la coque. Il a été éprouvé à Vincennes en 1857, et il a donné de bons résultats au point de vue de la solidité et de la solidarité de l’ensemble ; on espère que, s’il avait à subir l’épreuve du feu, il résisterait avec d’autant plus d’avantage que l’effort des projectiles serait plus facilement décomposé par la différence des milieux successifs qu’ils auraient à traverser. Par contre il convient d’ajouter que cet ingénieux système, quelles que soient d’ailleurs ses vertus défensives, a l’inconvénient d’être assez coûteux, à ce point que la Couronne, dont la capacité diffère peu de celle de ses aînées, a coûté 20 et peut-être 25 pour 100 de plus que la Gloire.

Quoi qu’il en soit, la Couronne est un très beau et très élégant navire, qui s’est distingué sous beaucoup de rapports pendant la campagne. Pas une seule fois, dit-on, pendant les trente-six jours de navigation active de la croisière, cette frégate n’a quitté son poste ou suspendu la marche de la division pour réparer quelqu’une