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LA
POÉSIE ET LES POÈTES
DANS L’AMÉRIQUE ESPAGNOLE

I. Ensayos biográficos y de critica literaria sobre los principales poetas y literatos latino-americanas, par Torres Caicedo, primera serie, 2 vol., Paris. Guillaumin, 1863. — II. Ensayo sobre las revoluciones políticas y la condición social de las repúblicas colombianas, por José M. Samper. Paris, Thunot, 1861.

Y a-t-il donc vraiment des poètes dignes de ce nom, et non pas seulement quelques rimeurs, quelques joueurs de guitare, dans l’Amérique espagnole ? Ces républiques à peine formées, et que nous croyons déjà vieillies, peuvent-elles produire d’autres hommes que des partisans, des chefs de bandes et des généraux galonnés qui paraissent un moment sur la scène pour fusiller leurs adversaires et pour être fusillés à leur tour ? Au milieu de ce tumulte incessant de révolutions qui nous semblent monotones et sans portée, des luttes sanglantes ou ridicules, des proclamations qui se croisent, des cris de guerre qui se répondent, des armes qui s’entre-choquent, l’amour des beaux vers et des grandes pensées noblement dites peut-il se développer dans les esprits et produire une littérature sérieuse ? Depuis longtemps déjà[1], on a répondu dans la Revue à quelques-unes de ces questions. Cependant on les reproduit encore trop souvent : lorsqu’on traite avec dédain les peuples eux-mêmes, ainsi qu’on est porté à le faire en Europe à l’égard des Hispano-

  1. Voyez notamment l’étude sur l’Américanisme de M. Charles de Mazade dans la Revue du 15 novembre 1846.