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Si l’on savait la vie
Du pauvre charbonnier,
Plus d’un aurait envie
Peut-être du métier,
Et dirait : Gai la vie
Du charbonnier !

AUGUSTE BARBIER.

Fontainebleau 1863.


SUR UNE PEINTURE DU PRIMATICE.


Nymphes, sonnez du cor, accouplez et liez
Les dogues aux flancs noirs et les blancs lévriers !
Voici que part Diane. En sa course légère,
Elle va de l’Hémus abaisser la fougère,
Et sur les verts sommets et dans les creux ravins
Percer de flèches d’or les biches et les daims…
Mais est-ce là Diane ? est-ce bien la déesse
Que l’ombre des forêts seulement intéresse,
Et qui ne prend plaisir qu’aux féroces abois
D’une meute fouillant et refouillant les bois ?
Diane ! nul apprêt n’éclate sur sa tête,
Un nœud, contre l’assaut de la brise inquiète,
Soutient seul ses cheveux, et son corps élancé
Toujours d’une tunique est chastement pressé.
Mais celle-ci, non pas… D’une grâce ingénue
Dans la fraîcheur des bois elle entre toute nue ;
L’or de ses blonds cheveux forme de beaux dessins
Sur son front souriant ; la rougeur de ses seins
Brille sans voile au jour, et sa jambe divine,
Libre, sans vêtement, pose sur l’herbe fine
Un pied d’albâtre ; puis, à chacun de ses pas,
Une odeur d’ambroisie émane. Ce n’est pas,
Ce n’est pas là Diane, oh ! non ! mais Cythérée,
Qui, prenant de sa sœur et la trousse dorée
Et l’arc sonore, au fond des grands bois ténébreux
Va surprendre Adonis au milieu de ses jeux.

AUGUSTE BARBIER.

Fontainebleau 1863.


OBERMANN.


« Je vais au bois avant que le soleil éclaire,
J’y vois par un beau jour se lever la lumière,
Je foule l’herbe humide, et le bruit de mes pieds
Des mousses fait bondir quelques daims effrayés.
Alors, sous les bouleaux à la fine verdure,
En ce moment divin pour toute créature,