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nous faisons nous-mêmes nos paiemens, et nous gardons en conséquence l’argent qui nous est nécessaire ; nous faisons de même nos recettes, de sorte que nous perdons à la fois et l’intérêt de l’argent, qui pourrait être employé en attendant que nous en ayons besoin, et le temps que nous mettons à faire un service qui serait fait plus brièvement par une banque agissant à la fois pour un grand nombre de personnes. C’est ce qui explique comment nous avons un stock métallique si considérable, tandis que, si nous avions un compte dans une banque qui serait chargée de recevoir et de payer pour nous, nous n’aurions besoin de garder d’autre réserve en monnaie métallique ou fiduciaire que ce qui serait nécessaire pour ce qu’on appelle l’argent de poche, et la banque elle-même, compensant les comptes de ses cliens, les liquiderait par de simples viremens sans débourser ni numéraire ni billet au porteur, surtout si, comme complément de ce système, il y avait un établissement central, un clearing house, où les diverses banques pourraient échanger entre elles le papier qu’elles auraient l’une sur l’autre. M. Hankey, un des derniers gouverneurs de la Banque d’Angleterre, déclarait, dans une lecture publique faite en 1858, que 47 milliards et demi de transactions avaient été liquidés, pour l’année 1856, au moyen de simples chèques sur la Banque d’Angleterre sans l’intervention de bank-notes ou de numéraire. On comprend que dans un pays où 47 milliards et demi d’opérations se liquident ainsi, 1,500 millions de monnaie métallique suffisent, et qu’il n’y ait pas lieu d’augmenter le nombre des bank-notes. C’est ce qui fait qu’en Écosse, avec 4 millions de livres sterling en numéraire et autant en bank-notes, ont suffit à toutes les transactions d’un pays qui est un des plus avancés de l’Europe en progrès industriel et commercial. C’est ce qui explique encore pourquoi aux États-Unis, à New-York, on attache si peu d’importance à augmenter la quantité des billets au porteur, et pourquoi à Hambourg cette sorte de monnaie fiduciaire est inconnue. Il y a dans ces divers pays un instrument de crédit, un moyen d’échange beaucoup plus perfectionné que l’emploi du numéraire ou des bank-notes : c’est l’emploi du chèque au moyen des dépôts.

Le dépôt en compte courant et le chèque, voilà le perfectionnement nouveau du crédit, la voie où se feront les progrès de l’avenir, et qui laisse bien loin derrière elle l’emploi du numéraire ou même des billets au porteur. Au moyen du chèque, c’est-à-dire d’un mandat sur la banque avec laquelle on est en compte, on peut régler toutes les transactions avec économie de temps et d’argent. Le chèque a encore sur le billet au porteur cet avantage essentiel, qu’il repose sur un capital réel et disponible, tandis que le billet au porteur