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fondé quatre-vingt-huit stations météorologiques où l’on observe aux mêmes heures et avec les mêmes instrumens. Une commission hydrographique s’occupe du régime des rivières, de la crue des lacs, des causes des inondations, et des moyens de les prévenir. La triangulation de la Suisse, achevée et publiée en 1840, a été refaite en partie et reliée aux travaux géodésiques exécutés dans le duché de Bade et en Italie. Les magnifiques cartes fédérales publiées sous la direction du général Dufour forment un atlas qui restera comme un des monumens cartographiques de notre siècle. C’est encore par l’initiative et grâce à l’appui de la Société helvétique auprès du gouvernement fédéral que cette œuvre aura été conçue, entreprise et terminée. La section de médecine a mis à l’ordre du jour deux grandes questions : les eaux minérales et le crétinisme. Il est peu de sources qui n’aient été analysées, et dont les propriétés médicales ne soient appréciées à leur juste valeur. Si les causes du crétinisme sont encore obscures, les moyens de le prévenir et de le guérir ne le sont plus. L’établissement situé sur l’Abendberg, près d’Interlaken, à 1,100 mètres au-dessus de la mer, en a donné la preuve. La constitution d’un grand nombre d’enfans a été transformée ou sensiblement améliorée.

En un mot, la Société helvétique des sciences naturelles a été le centre et l’origine du grand mouvement scientifique dont la Suisse est aujourd’hui le théâtre. Dans le siècle dernier, quelques savans éminens, les Bernouilli, Haller, de Saussure, Bonnet, Deluc, Pictet et Senebier, étaient les glorieux représentans de leur patrie dans les mathématiques, la physique et l’histoire naturelle ; mais la science n’était point universellement cultivée : il y avait des généraux, l’armée n’existait pas encore ; c’est la Société helvétique qui l’a créée. Actuellement il n’est point de village qui n’ait son curieux de la nature. Quand ce n’est pas le médecin, c’est le pharmacien, le pasteur, le maître d’école, et à leur défaut un citoyen auquel ses occupations laissent quelque loisir. L’on peut dire sans métaphore que la Suisse compte autant de naturalistes que de clochers ; mais ce peuple de travailleurs est inégalement répandu à la surface du territoire de la confédération. Si l’on marquait sur une carte les villes, les villages et les hameaux où habitent les membres actifs de la Société helvétique, on verrait ces points s’éclaircir et même disparaître dans les districts catholiques, se multiplier et se resserrer dans les parties protestantes : ainsi Appenzell catholique, Schwitz, Obwalden et Bâle-Campagne (protestant) ne comptent aucun membre dans la société. Les quatre cantons de Genève, Neuchâtel, Bâle-Ville et Zurich sont représentés par 299 sociétaires, tandis que six cantons entièrement catholiques, d’une superficie bien plus grande,