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Les classes qui relèvent du ministère du commerce lui arrivent formées à un certain point par les mains de l’Université. Les chefs d’industrie, presque tous dans l’aisance, ont envoyé leurs enfans dans les lycées ou dans des institutions qui en sont à peu près l’équivalent. Beaucoup d’entre eux ont suivi jusqu’au bout l’enseignement des lettres, et il est heureux que les préjugés de métier ne les en aient pas détournés. Plus tard, parvenus à la fortune, ils auraient senti ce vide, comme la chose est arrivée à Joseph Kœchlin, mort récemment maire de Mulhouse. Retiré des affaires, ayant pris goût à la géologie, il ne pouvait se consoler de n’avoir pas donné plus tôt cette distraction à ses loisirs, cet appui à ses études, cet ornement à son esprit. Quant aux ouvriers, avant d’arriver aux fabriques, ils ont passé par les écoles primaires, ou en suivent tant bien que mal les cours, tout en fréquentant les ateliers. C’est à ce moment que l’industrie s’empare des uns et des autres. Les ouvriers savent lire, écrire et compter ; sur le métier, ils apprendront le reste. Parmi les fils d’industriels, il en est qui seront entraînés vers d’autres vocations. À ceux qui prendront la suite des affaires paternelles, l’Université ouvre encore les portes d’un enseignement supérieur. À Paris, ils n’ont que l’embarras du choix : dans quelques départemens, ils ont les facultés des sciences ; mais ces études gardent, et c’est leur titre, un caractère spéculatif, même quand on les désigne sous le nom d’études appliquées. Elles roulent sur les lois du mouvement, les propriétés des corps, plutôt que sur le produit de ces propriétés et de ces lois. Tout au plus comportent-elles quelques expériences de laboratoire. L’Université ne saurait, dans sa constitution actuelle, aller au-delà, et ici commencent les attributions du ministère du commerce et des travaux publics !

Ce ministère a dans son ressort le Conservatoire des arts et métiers, l’École centrale des arts et manufactures, les écoles des ponts et chaussées et des mines, trois écoles des arts et métiers à Châlons, Aix et Angers, l’École des mineurs à Saint-Étienne, l’École des maîtres mineurs à Alais. Au Conservatoire, trois chaires sont consacrées à l’agriculture, qui a en outre trois écoles spéciales à Grignon, à Granjouan et à La Saulsaye. Voilà de quoi se composent les établissemens de l’état pour les arts industriels et agricoles. MM. Morin et Tresca ont cherché à se rendre compte du nombre d’élèves qui en sortent chaque année. Pour le Conservatoire, le chiffre n’est pas appréciable ; il n’a qu’un auditoire mobile, et qui varie suivant les cours, les saisons et le nom des professeurs. L’École centrale délivre cent diplômes, les écoles d’arts et métiers distribuent trois cents certificats d’étude, et, en y ajoutant trois cents élèves libres pour les ponts et chaussées et les mines, répartis sur quatre écoles