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et sont terminées par des languettes mobiles, afin d’éviter, au moment où l’on met deux règles successives en contact, les chocs et les mouvemens brusques qui pourraient déranger le système. Bien d’autres précautions sont nécessaires pour assurer le succès : il faut que l’horizontalité des règles soit parfaite; il faut éviter que les rayons du soleil les frappent directement. La mesure d’une base est un travail long et fastidieux, même quand on a trouvé un terrain favorable. S’il fallait maintenant recommencer une opération de cette nature dans un pays civilisé, le tracé des chemins de fer fournirait aisément de longs alignemens droits qui simplifieraient le travail. D’ailleurs on a reconnu que les bases peuvent être beaucoup plus courtes qu’on ne le supposait autrefois. Au commencement de ce siècle, les géographes français croyaient qu’il était indispensable de mesurer une longueur de 15 à 20 kilomètres; dans les travaux très récens exécutés en Espagne pour le lever de ce pays, on a reconnu qu’il suffit d’opérer sur 3,000 ou 4,000 mètres. Par compensation, l’exactitude est devenue plus grande. On se contentait d’une approximation d’un centimètre sur la longueur totale, et maintenant on détermine la longueur à un millimètre près. Pour faire comprendre à quelle précision on est arrivé, un seul exemple suffira. On eut dernièrement à mesurer en Espagne une base de 2,838 mètres au moyen d’une règle construite par M. Brunner. L’opération, faite d’abord dans un sens, fut ensuite recommencée en sens contraire; les deux résultats obtenus s’accordèrent à deux dixièmes de millimètre près. Cet accord vraiment merveilleux prouve combien les travaux géodésiques ont été perfectionnés depuis cinquante ans.

La mesure des angles, opération qui se présente le plus fréquemment dans les travaux géodésiques et astronomiques, a été poussée à un degré d’exactitude qu’il serait difficile de se figurer, de même qu’on ne peut guère concevoir, sans les avoir manœuvres soi-même, les précautions infiniment délicates qu’exigent les instrumens dont on fait usage pour cet objet. Ces instrumens consistent en une lunette, pour viser alternativement les deux directions dont on veut connaître l’angle, et en un cercle divisé, sur lequel on fit le nombre des degrés, minutes et secondes, à l’aide de plusieurs verniers[1] systématiquement espacés sur la circonférence. Tel était le principe du cercle répétiteur de Borda, qui, après avoir été longtemps employé par les géodètes, a été remplacé par le théodolite, appareil un peu différent, dont l’invention est due au physicien anglais Ramsden. Les ingénieurs anglais se servent encore d’un de ces in-

  1. Sorte de micromètre ou instrument de réduction ainsi nommé du nom de l’inventeur.