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tigations, et même pour le propriétaire terrien qui retrouve sur un plan cadastral les titres les plus clairs, et l’inventaire, en quelque sorte, de sa propriété. La topographie à grande échelle satisfait à tous ces besoins, et elle fournit encore, après que le dessin en a été réduit dans de justes proportions, le canevas mathématiquement exact des feuilles d’ensemble ou cartes réduites sur lesquelles nous étudions la configuration d’une province, d’un état ou même d’un continent tout entier. Il est à peine besoin de dire qu’il n’y a encore qu’une très petite portion de la surface terrestre qui soit décrite sur le papier avec la précision des méthodes géodésiques modernes; mais les progrès accomplis depuis cinquante ans sont déjà considérables et répondent aux besoins les plus pressans.

En France, la carte de l’état-major, dont les premiers travaux remontent à 1818, dont les premières feuilles gravées parurent en 1833, et qui, après avoir été poursuivie sans interruption pendant cette longue période, n’est pas encore achevée, — la carte de l’état-major n’est pas la seule œuvre topographique de notre pays. Des plans spéciaux, à l’échelle du 20,000e, représentent avec des détails plus complets les environs des villes importantes. La grande carte a aussi été réduite et copiée sous différentes formes par les départemens ou par les divers services publics, qui en ont extrait des plans mieux appropriés à leurs exigences particulières. Le dépôt de la guerre exécute lui-même une réduction au quart, c’est-à-dire à l’échelle du 320,000e, qui rentre dès lors dans la classe des cartes chorographiques. On trouve encore sur cette réduction le tracé des cours d’eau, les principales formes du terrain et toutes les indications locales qui ont pu prendre place, sans l’encombrer, sur une feuille de moindre format. enfin cette carte, déjà réduite au quart, sera encore réduite de façon à donner une carte géographique portative, où la rigueur du dessin et la multiplicité des détails seront proportionnés à la grandeur du format.

En même temps que s’accomplissait l’exploration topographique du territoire continental de la France, les officiers du corps d’état-major exécutaient, à la suite des armées, des travaux d’égale importance en divers pays. Pour l’Algérie, il n’y eut pendant longtemps que des cartes très imparfaites, dressées pour ainsi dire à vol d’oiseau. On a levé d’abord les environs des villes, puis on a entrepris de faire la topographie complète de cette colonie en s’appuyant sur des mesures géodésiques aussi rigoureuses que celles qui ont servi de base à la topographie de la France; la triangulation du premier ordre est déjà terminée. A la suite des expéditions de Chine et de Syrie, il a aussi été dressé des cartes du terrain occupé par les troupes. Ce ne sont, il est vrai, que des ébauches topographiques