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LA
MISSION DE MADAGASCAR
SOUVENIRS D’UN VOYAGE DANS L’OCÉAN-INDIEN.

En 1863, l’attention de l’Europe s’est à deux reprises différentes portée sur Madagascar. La nouvelle du traité d’amitié et de commerce signé par le roi Radama II avec le gouvernement français causait une première impression de surprise. Bientôt après on n’apprenait pas sans une vive émotion que ce roi reconnu par la France, ce jeune prince ami de notre nation, était tombé avec tous ses favoris sous le fer des assassins, au milieu d’une révolution de palais dont les terribles incidens tenaient plutôt du drame antique que de l’histoire contemporaine. À ce moment même, la France venait d’envoyer vers la grande île africaine une mission chargée de la visiter, et les explorateurs avaient quitté Paris dans le courant du mois de mai. Jusqu’alors nous n’avions expédié dans ces parages de l’Océan-Indien que des marins et des soldats, et cela sans aucun succès. On s’adressait cette fois à des ingénieurs, à des industriels, à des artistes, et c’est à l’aide de ces pacifiques conquérans que l’on espérait réussir enfin dans une œuvre de colonisation où l’on était las d’intervenir par les armes.

Divers événemens, que les lecteurs de la Revue connaissent, avaient amené dans notre politique coloniale cet heureux changement[1]. Un Français, naguère encore l’un des plus riches planteurs de l’île

  1. Voyez, sur ces événemens et sur la politique française à Madagascar, l’étude de M. Galos dans la Revue du 1er octobre 1863.