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concours incessant des intérêts composés, en les supposant à 5 pour 100, la dotation de l’amortissement aurait atteint le chiffre de 4 millions de livres sterling et racheté un capital de 100 millions de rente, soit à peu près la moitié de la dette. Ce résultat toutefois ne pouvait être obtenu que si cette dotation n’était pas détournée de sa destination : il fallait donc la déclarer inaliénable. Pour plus de sûreté, l’emploi devait en être confié à des commissaires dont la haute position et le caractère personnel fussent une garantie de la résistance qu’ils opposeraient à toute tentative de détournement, et de la fidélité scrupuleuse avec laquelle ils accompliraient leur mandat. Les commissaires seraient le président de la chambre des communes, le chancelier de l’échiquier, le maître des rôles, le gouverneur et le sous-gouverneur de la Banque d’Angleterre, et enfin le chef de comptabilité de la haute cour de chancellerie. Les fonds leur seraient remis tous les trois mois, devraient être employés au rachat dans le courant du trimestre, et toute autre affectation deviendrait ainsi impossible.

Ce fut le 29 mars que Pitt développa sa proposition devant la chambre des communes dans un discours elaborated and far extended, ainsi que le qualifia Fox, et il put, avec un sentiment de satisfaction bien légitime, y exposer les avantages réalisés pendant deux années d’une administration aussi éclairée que laborieuse. De 18 millions, les dépenses annuelles avaient été réduites à 14 millions 1/2, malgré l’augmentation de 1,200,000 livres sterling de rentes pour acquitter les charges du passé. De 12 millions 1/2, le revenu s’était élevé à 15 millions 1/2, et le produit des nouveaux impôts n’entrait dans cet accroissement que pour 1,200,000 livres environ. Au lieu d’un déficit de 6 millions, un excédant de recettes d’un million paraissait désormais assuré, et le pays pouvait entreprendre avec confiance la libération de sa dette. Pitt devait donc être fier à juste titre, car ce succès était principalement dû à son habile initiative et à ses constans efforts, et en terminant son exposé il se borna à rappeler avec autant de modestie que de convenance la part qui pouvait lui en revenir. « Quand on songe, dit-il, que le pays sort d’une guerre qui l’a forcé d’ajouter des millions à des sommes déjà immenses, que toutes les nations et même la majeure partie d’entre nous croyaient que jamais nous ne pourrions soutenir le poids d’une charge aussi énorme, et qu’au lieu d’être épouvantés d’un tel aspect, nous osons considérer attentivement notre situation et former un plan solide et permanent pour en sortir, il est impossible que les nations qui nous entourent n’aient pas une haute idée de nos ressources et de notre énergie, et ne nous rendent pas dans leur estime cette prééminence que nous méritons