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d’objets imposables. « Je défie, dit-il, les honorables membres de prouver qu’il ait jamais causé le moindre préjudice, ni porté la moindre atteinte à la liberté ou à la constitution, et je ne pense pas qu’il puisse y avoir de plus grand ennemi de son pays que celui qui chercherait à exciter les passions populaires contre une branche d’impôts qui produit plus de 6 millions de livres sterling de revenu par an, et dont la suppression conduirait inévitablement l’Angleterre à la banqueroute publique et à cet état d’anarchie et de confusion où se trouve la France. »

Sans doute l’exercice, les inventaires et les conditions de surveillance mises à la circulation sont une gêne pour l’industrie et le commerce; mais par quels autres moyens les remplacer pour atteindre efficacement les diverses matières essentiellement imposables qui y sont en général assujetties, telles que la bière, les vins, les spiritueux, etc.? On pourrait, il est vrai, y substituer la déclaration; mais s’il est des fabricans ou commerçans auxquels la fraude répugnerait, combien d’autres qui, en lutte constante contre l’impôt, ne se feraient pas scrupule d’y échapper ! La question serait donc plutôt d’examiner si en principe les impôts directs doivent être préférés aux impôts de consommation, autrement dit, si des taxes obligatoires sur la propriété et le revenu sont plus avantageuses que des taxes que chacun paie suivant ses goûts et ses besoins, et lorsqu’en 1835 la proposition fut faite à la chambre des communes de supprimer le malt tax, Robert Peel l’écarta en posant l’alternative inévitable du rétablissement du property tax. La convenance des impôts indirects étant donc reconnue, les formalités de l’excise, qui sont aussi celles appliquées en France pour le même genre de contributions, deviennent indispensables, et il ne reste qu’à les simplifier et à corriger ce qu’elles peuvent avoir de gênant et de vexatoire. Aussi, quelques-unes des plaintes relatives aux conditions imposées aux manufactures de tabac comme aux détails de recouvrement ayant paru fondées, Pitt proposa au parlement, pour y faire droit, diverses modifications qui furent adoptées.

Depuis six ans qu’il était au pouvoir, Pitt avait complètement modifié le régime et l’état financiers de l’Angleterre. Par la liquidation et l’acquittement scrupuleux de toutes ses dettes, par l’adoption de la nouvelle forme d’emprunt et la fondation de l’amortissement, il lui avait constitué un crédit supérieur à celui de toutes les autres nations de l’Europe. Par le bill de consolidation, il avait établi son budget, et par la suppression des abus, les mesures prises contre la fraude, la simplification des tarifs, la modification de quelques-uns, la suppression de ceux qui répugnaient trop aux populations, et la création d’impôts nouveaux, choisis de façon à n’être ni antipa-