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plète, et elle causa en Angleterre un enthousiasme général. Quelque temps après on y apprit la prise de l’île de Minorque sur les Espagnols, celle de l’île de Gozzo, dépendance de Malte, et le blocus de cette dernière par la flotte anglaise. Ce fut donc sous les auspices les plus favorables que commença, le 20 septembre, la session du parlement.

Peu de jours après, Pitt fit l’exposé de la situation financière. Il évalua, pour l’exercice nouveau, les dépenses ordinaires et extraordinaires de la marine à 13,642,000 liv. sterl., celles de la guerre à 10,840,000 liv. sterl., et l’insuffisance des ressources à 23 millions de livres sterling. Conformément au principe admis l’année précédente, il proposa de demander cette dernière somme tout à la fois à l’impôt et au crédit; mais, la contribution établie pour 1798 n’ayant pas donné tout le produit qu’on en avait espéré, il insista sur la nécessité de lui en substituer une autre moins facile à éluder, plus égale et atteignant mieux toutes les fortunes. D’après le plan qu’il développa, tous les revenus de 60 livres et au-dessous devaient être exemptés du nouvel impôt : depuis 60 livres jusqu’à 200, ils y étaient soumis d’après une progression ascendante, dont le point de départ était le cent vingtième, et au-dessus de 200 livres la taxe était uniformément pour tous du dixième. Les intérêts des classes ouvrières et ceux de la petite industrie se trouvaient ainsi ménagés, et même dans les familles dont le revenu ne dépassait pas 200 liv. la quote-part devait varier suivant le nombre des enfans. Chaque particulier faisait lui-même sa déclaration sans être tenu d’entrer dans aucun détail ni de produire la moindre justification, et dans chaque paroisse un comité choisi par le grand jury, parmi des personnes ayant au moins 300 livres de revenu, était chargé d’en apprécier la sincérité. Si cette déclaration paraissait inférieure à la réalité, le comité pouvait en rechercher la preuve : communication de son travail était donnée au contribuable qui était invité à s’expliquer sans être cependant obligé de produire ses comptes et livres, et en cas de désaccord il était admis à nier par serment l’exactitude de l’état dressé par le comité. Alors sa déclaration était valable; mais s’il refusait tout à la fois et la preuve et le serment, l’évaluation du comité devenait la base de sa cotisation.

Quant au montant du revenu imposable, Pitt l’établissait ainsi :


Revenu de la terre pour les propriétaires 25,000,000 l. st.
— — pour les fermiers 19,000,000
— des maisons 5,000,000
— des mines et canaux 3,000,000
— des hommes de loi et médecins 2,000,000
— du commerce de détail 5,000,000
— — avec l’étranger 12,000,000
A reporter 71,000,000 1. st.