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rares sur les chemins de fer, et l’on regarde comme désastreuse une année qui en a vu deux sur la même ligne.

Tels sont les faits, les obstacles, les difficultés de toute nature ; tel est l’enchevêtrement d’hommes et de choses sur lequel on devait d’abord appeler l’attention du lecteur : il reste maintenant à lui indiquer par quels moyens et quels procédés les compagnies peuvent dominer et discipliner tout ce vaste ensemble, et comment se fondent dans une harmonieuse unité tant d’élémens en apparence si désordonnés.


II.

Les accidens de chemin de fer sont de trois sortes : les déraillemens, les collisions entre deux trains et les attentats pendant la marche.

Le déraillement n’est redoutable que si les voitures sont bouleversées, ou si le train se précipite hors de la chaussée. On a proposé, entre autres inventions, l’emploi de parapets pour retenir en place les véhicules déraillés; mais tous les systèmes imaginés ont le tort ou de manquer le but, ou de créer à la traction une résistance que ne vaincrait nulle locomotive. Occupons-nous donc simplement des mesures préventives, qui sont toujours les plus radicales, et voyons d’abord ce qui a lieu lorsque, malgré toutes les précautions, un accident s’est produit.

Le simple déraillement d’un véhicule est bientôt réparé; il n’en résulte qu’un peu de retard, et des cahots désagréables pour les voyageurs. Chaque train en effet emporte avec lui l’outillage nécessaire dans une caisse placée sur le tender. A l’aide de crics appuyés sur les rails ou sur les traverses, on soulève le véhicule déraillé après avoir fixé les roues en dessous, puis avec des pinces ou leviers on le ramène sur la voie. Il suffit de requérir pour l’opération quelques hommes de bonne volonté parmi les voyageurs. Le véhicule une fois relevé, on reprend la marche prudemment jusqu’à la prochaine gare, où le visiteur du matériel procède à l’examen de la voiture déraillée; celle-ci est remplacée dans le train, si cet examen laisse le moindre doute.

Dans le cas où pour redresser le véhicule les moyens ordinaires ne suffisent pas, on demande aide aux stations voisines conformément à des prescriptions réglementaires où les moindres détails sont prévus et précisés. Bientôt arrive le wagon de secours, un chariot de forme inusitée, contenant des agrès de relevage et des rechanges, un étau monté, une forge, une perceuse, en un mot un petit atelier mobile. Il emporte aussi la boite de pansement des blessés et le mé-