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sures complémentaires au moyen desquelles on pare au danger des collisions.

Les collisions, appelées en terme de métier coups de tampons, n’aboutissent que trop souvent à des catastrophes. L’exposé des complications inhérentes au service des chemins de fer a fait assez comprendre au lecteur en combien de cas ce grave accident est à redouter. Si l’on calcule cependant que le réseau français donne annuellement passage à un million de trains parcourant ensemble au moins 300 millions de kilomètres, on reconnaîtra qu’en dépit de quelques collisions, trop fréquentes encore, les chemins de fer offrent une bien plus grande sécurité que les anciens modes de locomotion.

Les collisions sont de deux sortes : les trains s’abordent de front, ou ils se rattrapent en se suivant sur la même voie. Les collisions de front, où les deux vitesses s’ajoutent en sens contraire, épouvantent à bon droit l’imagination. Grâce à Dieu, il ne s’en produit presque plus sur les chemins de fer. Lorsque les lignes ont deux voies, ce qui est le cas général du réseau français, l’une est exclusivement affectée aux trains montans, c’est-à-dire s’éloignant de Paris, et l’autre aux trains descendans, ou revenant vers Paris. Ce sont les expressions consacrées, justes ou non, par lesquelles on désigne dans tout un service les deux directions contraires. On monte vers Strasbourg et Lille, on descend vers Paris. En France, les trains montent par la voie qu’on a sur sa gauche en tournant le dos à Paris, et ils descendent par la voie de droite; le mécanicien se tient sur la droite de sa machine. En Angleterre, où nous trouvons presque en toutes choses le contre-pied de nos coutumes, la voie montante est à droite et la voie descendante à gauche. Jamais les trains ne s’empruntent respectivement leur voie; cette règle, absolue dans tout le trajet, n’a d’exceptions qu’aux gares pour les manœuvres indispensables.

Mais, dira-t-on, il y a les lignes à une seule voie, et celles-ci compteront sans doute en majorité dans les réseaux projetés de troisième et de quatrième ordre. Ne sera-ce pas là une perpétuelle menace contre la sécurité publique? Non, car les lignes à une voie ont leur exploitation particulière ; on les divise en sections, et sur chacune d’elles il ne circule jamais qu’un seul train. Aux deux extrémités de la section est une gare où la voie se bifurque en deux branches et où s’attendent les trains venant en sens contraire. Sur ce point, les règlemens du service sont formels, et la disposition même de la voie ne permettrait guère à un agent de les violer par imprévoyance. Reste-t-il un doute possible dans l’interprétation des ordres, existe-t-il une chance de trouble dans le mouvement compliqué de