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ignorans en général, et il n’est pas certain qu’en Italie on sache la valeur du plus grand musicien de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Né à Aversa, le 11 septembre 1714, Jomelli entra à l’âge de sept ans au conservatoire de San-Onofrio de Naples. Il avait à peine vingt-trois ans lorsqu’il écrivit son premier opéra séria, Odoardo, qui fut représenté au théâtre dei Fiorentini. Déjà célèbre, Jomelli fut appelé à Rome, puis à Venise, où il composa un opéra, Mérope, qui excita les transports de cette ville, où sont nés les plus grands artistes du monde. Nous regrettons de ne pouvoir nous étendre sur la vie de ce grand maître, qui, après avoir fait un assez long séjour à Rome, fut engagé par le duc de Wurtemberg pour diriger son théâtre et sa chapelle. Jomelli resta à Stuttgart vingt ans, et cette longue station dans une cour allemande, où il entendait chaque jour des opéras et de la musique du pays, lui donna le désir de modifier sa manière et les formes qu’il avait apportées de l’Italie. « Il donna à ses modulations, dit un historien de la musique, des transitions plus fréquentes, il fortifia son orchestre en l’enrichissant de nouveaux effets. Cette transformation, dont on trouve la preuve dans presque tous les opéras qu’il a écrits à Stuttgart, le mit en faveur auprès du prince allemand. » De retour à Naples, Jomelli sentit bientôt que sa réputation s’était un peu affaiblie pendant une si longue absence. Il se retira dans sa ville natale d’Aversa ; mais il passait la saison du printemps dans un lieu riant appelé l’Infrascata di Napoli, et pendant l’automne il allait à Pietra-Santa, autre lieu charmant. Ce fut dans cette retraite que Jomelli reçut du roi de Portugal la demande de deux opéras et d’une cantate. Le roi donna au maître pour ces beaux ouvrages la somme de 1,200 ducats. Pendant le peu de jours qui lui restaient à vivre, le maître écrivit pour le théâtre de Saint-Charles un opéra, Armida, l’un de ses meilleurs ouvrages ; mais le peuple napolitain, qui trouvait cette musique un peu étrange, lui fit un mauvais accueil. Demqfoonte, dont la musique est encore plus belle que celle de l’Armida, n’eut pas cependant un meilleur sort, et l’Ifigenia, qui fut jouée en 1773, tomba de même. Tant de disgrâces plongèrent Jomelli dans une tristesse profonde et déterminèrent une attaque d’apoplexie. Rétabli de cette secousse terrible, Jomelli eut encore la force de composer une cantate pour la naissance du prince de Naples, puis un Miserere à deux voix, qui fut sa dernière production. Jomelli, qu’on avait surnommé le Glück de l’Italie, est mort à Naples le 28 août 1774. On lui fit de magnifiques obsèques. La musique d’église de Jomelli a un caractère tout moderne qui se détache vivement de l’école de Scarlatti. Sa messe de Requiem, un Miserere, et un oratorio de la Passion, dont j’ai entendu quelques morceaux à l’école de Choron, sont, dit M. Fétis, des modèles de beauté.

Un fragment de l’oratorio Salomon, de Haendel, qui était composé d’un chœur à cinq voix, d’une ballade qui a été bien rendue par Mme Peudefer, et d’un chœur à cinq voix, a terminé la première partie de ce programme vraiment intéressant. La seconde partie a été inaugurée par un psaume à huit voix, Dixit dominus, de Léonard Léo. Voici encore un nom qui est peut-être moins connu encore que celui de Jomelli. Né en 1674, dans un village du royaume de Naples, Léo a été un musicien charmant en qui la science n’affaiblissait pas l’imagination. Sa musique religieuse est expressive