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l’Irlande, et contourne les archipels de l’Ecosse ; une troisième, passant entre les îles britanniques et l’Islande, gagne les attérages de la Norvège et se perd dans la Mer-Blanche et sur la côte occidentale du Spitzberg. Ce courant d’eau tiède réchauffe donc toutes les côtes de l’Europe, et en même temps il engendre les vents d’ouest et de sud-ouest, qui sont dominans dans la région océanienne. L’évaporation du gulf-stream étant très active, ces vents poussent sans cesse vers l’Europe des nuages qui se résolvent en pluie à mesure qu’ils pénètrent dans l’air plus froid du continent. De là un ciel habituellement couvert et des pluies fréquentes ; de là un climat assez égal, les vents de sud-ouest réchauffant l’atmosphère en hiver et la rafraîchissant en été. Le ciel couvert s’oppose au rayonnement du sol en hiver et à réchauffement en été ; de là des hivers relativement doux et des étés sans grandes chaleurs, un air chargé d’humidité, c’est-à-dire un climat égal ou marin. C’est en Irlande, dans le sud de l’Angleterre, dans les deux presqu’îles du Cotentin et du Finistère, dans les îles de la Manche et les Feroe, que ce climat est le mieux caractérisé. À mesure qu’on s’éloigne de la mer et qu’on pénètre dans le continent, l’influence océanienne est moins prépondérante ; les hivers deviennent plus rudes, les étés plus chauds et l’air plus sec. Dans toute la région, les vents du nord et du nord-est, antagonistes de ceux du sud-ouest, sont les vents du froid et du beau temps, car ils prennent naissance dans les plaines de la Russie, et éclairassent le ciel en refoulant les nuages issus de l’Atlantique et poussés incessamment vers la côte par les vents occidentaux.

La constitution météorologique de la région méditerranéenne est complètement différente. Le vent dominant est celui du nord-ouest, le mistral du midi de la France : c’est le vent du beau temps. Son antagoniste est le sud-est ou marin : c’est le vent de la pluie. Contrairement à ce qui se passe dans le reste de la France, les vents d’est y sont pluvieux ; ceux de l’ouest ne le sont pas. La pluie, au lieu d’être distribuée assez également entre les diverses saisons, tombe surtout en automne et au printemps ; l’été est toujours sec et l’hiver variable. Les pluies sont torrentielles comme les averses orageuses du nord de la France, et la quantité d’eau que la terre reçoit en un an est plus considérable que dans l’Europe océanienne, quoique le nombre des jours de pluie soit beaucoup moindre. De là des alternatives de sécheresse et d’humidité inconnues dans le nord, et, à la suite des pluies abondantes du printemps, une végétation activée par les chaleurs de l’été ; avec le nord et le nord-ouest, un ciel serein et un rayonnement nocturne d’autant plus intense que l’air est plus sec et plus transparent. Ainsi des nuits fraîches suc-