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mit à l’idée de s’avancer dans ces solitudes, de monter et de redescendre sans cesse sur ce sable mouvant, qui s’éboule sous les pas des hommes et des chevaux, mais où le large pied du chameau ne laisse qu’une légère empreinte. Aussi quel étonnement de voir tout à coup des cimes de palmiers apparaître au milieu des dunes, et dans le voisinage des maisons peuplées de laborieux cultivateurs ! Les déserts, comme les montagnes, ont été le refuge des opprimés. Gétules, Numides, Kabyles, fuyant les conquérans qui ont dominé successivement en Afrique, ont peuplé les régions les plus arides, abandonnant au vainqueur les terres fécondes qu’il devait laisser en friche, tandis que la montagne et le désert devenaient fertiles.

Le désert de sable est inanimé. Comment en serait-il autrement ? Point de plantes, partant point d’herbivores ni d’insectes ; point d’insectes, partant point d’oiseaux, de reptiles ni de carnassiers. Cependant un renard blanc, le fennec aux longues oreilles décrit par Buffon[1], creuse ses terriers dans les dunes, et quelques gazelles les franchissent dans leur course légère. Nous n’aperçûmes qu’un petit rongeur, voisin des gerbilles, qui s’enfonce dans le sable avec une extrême rapidité[2], et un joli lézard[3] qu’on retrouve également en Égypte.

Telles sont les trois formes du désert. Pour achever le tableau, nous devons décrire les îlots de végétation, les oasis dont il est semé. C’est un nouvel aspect du Sahara, et qui fera l’objet d’une prochaine étude.


CHARLES MARTINS.

  1. Canis zerda.
  2. Psammomys Saharoe.
  3. Acanthodactylus Boskii.