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vient d’annoncer M. le professeur Twinning, et dont je lui laisse la responsabilité. Suivant cet auteur, le grand anneau de corpuscules possède un diamètre à peu près égal à celui de l’orbite terrestre, sur lequel il est incliné de 96 degrés ; il a une épaisseur de 2 à 5 millions de lieues, et il est composé de 300,000 milliards de corpuscules, qui font autour du soleil leur révolution en 281 jours. En supposant que chacun d’eux ait 1 mètre de rayon, et qu’on les réunisse tous pour en former une seule sphère, elle aurait à peine le dixième du volume de la terre. Je ne crois pas, je le répète, que nous soyons aujourd’hui en demeure d’affirmer des nombres si précis ; mais ce qu’on peut prédire avec certitude, c’est qu’il suffira de continuer les observations pour constituer des théories où la réalité remplacera l’imagination.

Pour y arriver, il faudra d’abord calculer les trajectoires des météores filans. Ce travail est commencé depuis longtemps pour les bolides. Comme ils fournissent une longue course et qu’ils sont vus par un grand nombre de personnes, on recueille toujours assez de documens sur leur apparition pour calculer les conditions de leur marche. C’est ce qu’on vient de faire pour la météorite d’Orgueil, c’est ce qu’on avait déjà fait, avec plus de précision peut-être, pour d’autres météores analogues. M. Petit, directeur de l’observatoire de Toulouse, a prouvé depuis longtemps que ces globes enflammés décrivent des hyperboles, sortes de trajectoires qui se prolongent à l’infini. L’an dernier, au 4 mars 1863, un bolide, qui avait éclaté sur la Mer du Nord, et qu’on avait observé de diverses localités en Angleterre et en Belgique, fut calculé par M. Heis ; il avait aussi une trajectoire hyperbolique : les hauteurs initiale et finale étaient de 174 et de 23 kilomètres, et la vitesse de 63. Le professeur Newton a aussi exécuté quelques déterminations analogues, et tout récemment M. Alex. Herschel communiquait à la Société royale une liste de onze bolides dont les orbites étaient déterminées. Dans tous ces cas bien étudiés, on a acquis la certitude que ces apparitions sont causées.par de véritables astéroïdes, venus des espaces célestes, qui pénètrent dans l’atmosphère, où ils décrivent des hyperboles, et qui sont emportés avec des vitesses comparables à celles des planètes elles-mêmes.

La question offrait plus de difficultés pour les simples étoiles filantes ; mais un instrument nouveau venait au secours des astronomes : c’était le télégraphe électrique. M. Heis en fit le premier usage entre Munster et Herbersthal en 1851. Deux observateurs établis à ces stations examinaient simultanément la même portion du ciel ; quand une étoile filante apparaissait, ils se prévenaient télégraphiquement, et les signaux coïncidaient quand c’était la même étoile qu’ils avaient vue tous les deux. Alors ils notaient avec soin le chemin qu’elle avait paru suivre à travers les constellations, et cela suffisait pour qu’on pût, après coup, calculer sa trajectoire. C’est la méthode déjà expliquée pour le bolide de Montauban. Dix ans après,