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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet 1864.

Si nous pouvions considérer comme terminée la grosse opération politique entreprise par l’Allemagne à propos du Danemark, notre tâche aujourd’hui serait triste, mais simple : nous enregistrerions les faits accomplis, et malheureusement chaque fait nouveau est un échec pour le pauvre Danemark. Après la rupture de la conférence, après la reprise des hostilités, après la perte de l’île d’Alsen, la cause danoise avait encore à traverser une grande épreuve : elle devait être l’objet d’une discussion solennelle au sein du parlement anglais. De cette épreuve dépendait l’existence du cabinet britannique ; avant la conclusion de ce grand débat, une dernière espérance, une dernière illusion restait au patriotisme danois. Si le ministère anglais était renversé, si d’autres hommes et un autre parti arrivaient au pouvoir, sans doute le Danemark ne devait pas espérer que l’Angleterre ferait la guerre pour lui ; mais qui sait ? avec un nouveau ministère en Angleterre, peut-être de nouvelles combinaisons eussent été possibles dans les alliances européennes, peut-être les choses eussent-elles pris un autre tour, et à travers ce changement peut-être le Danemark eût-il obtenu des conditions moins dures. Cette dernière chance s’est évanouie. Si les défaites du Danemark finissaient tout, nous passerions vite devant l’épisode du dernier débat parlementaire anglais, nous en fixerions à la hâte quelques traits comme illustrations éphémères de l’histoire contemporaine, et nous chercherions volontiers dans l’examen d’autres intérêts politiques l’oubli du répugnant spectacle auquel nous sommes contraints d’assister depuis une demi-année.

Mais, suivant nous, l’affaire du Danemark n’a jamais dû être pour la France un simple spectacle. Nous avons été convaincus dès le principe que nous étions l’état européen le plus intéressé dans ce qui se passait entre l’Allemagne et le Danemark ; nous demeurons convaincus aujourd’hui