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les terrains arrosables par de l’eau douce ou peu chargée de sels. Étudions maintenant les diverses espèces d’oasis, en commençant par les oasis des plateaux ou du steppe.

Des torrens sortent des monts Aurès et des Zibans, qui bordent le Sahara oriental. Un chapelet d’oasis s’est égrené sur leurs bords : telles sont celles d’El-Kantara, d’El-Outaia, de Biskra, toutes situées sur la même rivière qui fournit l’eau nécessaire aux irrigations des jardins ; telles sont encore les oasis de Branis, de Zeribed-el-Ouéd, Liana, Bousaada, etc. Ces oasis sont adossées au pied des montagnes. Il en est de même de celles qui doivent leur existence aux sources abondantes justement appelées vauclusiennes, qui surgissent du sol au contact des terrains horizontaux du Sahara avec les couches relevées des montagnes : les oasis d’Oumache, de Zaatcha, de Tolga, etc., par exemple. Quelquefois ces sources sont thermales comme celle qui arrose l’oasis de Chetma, voisine de Biskra, dont les eaux ont une température de 36 degrés ; mais toutes les sources qui descendent des hauteurs ne jaillissent pas à leur pied, elles s’infiltrent entre les couches horizontales de la plaine saharienne ; arrêtées par des bancs d’argile imperméable, elles forment des cours d’eau souterrains comparables à ceux qui circulent à la surface. Ces eaux, protégées par le sol qui les recouvre, ne s’évaporent pas sous les feux du soleil, et, coulant sur un fond argileux, elles ne se perdent pas dans les profondeurs de la terre. En réseau de rivières souterraines circule donc sous les couches superficielles du Sahara. Ces eaux tendent sans cesse à reprendre le niveau de leur point d’infiltration. Si donc la couche la plus superficielle du sol se compose de sable ou de terrains meubles, l’eau rejettera ces matériaux au dehors et surgira à la surface : c’est un puits artésien naturel ; Les Arabes lui donnent le nom de schreia (nid). Dans l’Oued-Rir, on voit souvent de loin un monticule conique couronné de quelques palmiers ; le sommet du cône est creusé d’une excavation remplie d’eau : c’est Une schreia. Si le débit est abondant, l’Arabe creusé un canal de dérivation appelé scgùia, dirige l’eau vers ses plantations et crée une petite oasis.

Dès les temps les plus anciens, les habitans du Sahara ont cherché à imiter la nature et à creuser des schreias artificielles. Olympiodore, qui écrivait selon Niebuhr, à Alexandrie vers le milieu du VIe siècle, rapporte qu’on a creusé des puits dans son pays natal de 200 à 300 et quelquefois 500 coudées (90 à 230 mètres) de profondeur. Photius cite un passage de Diodore, évêque de Tarse, mort vers l’an 390 après Jésus-Christ ; parlant de la grande oasis située dans le désert, à une quarantaine de lieues de l’Égypte, il s’exprime en ces termes : « Pourquoi, dit-il, la région intérieure de la Thébaïde qu’on nomme oasis n’a-t-elle ni rivière ni pluie qui