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Jusqu’ici pourtant les élémens d’évaluation pour le produit net et moyen de l’hectare manquent de sûreté et de rigueur. La comptabilité européenne est exagérée, la comptabilité arabe est informe, Les observations personnelles de M. Herzog et le dépouillement de ses livres agricoles méritent plus de confiance. Dans sa ferme du Bois-Sacré, au Sig, il a obtenu cette année un produit brut de 859 kilogrammes de coton non égrené, soit par hectare 220 kilogrammes de coton égrené. Ce produit a été tiré d’une terre de choix ; les terres d’une qualité moindre ne rendent pas au-delà de 100 à 120 kilogrammes net. Voici d’ailleurs, pour la province entière d’Oran, des chiffres qui ont un caractère officiel et qui résument le mouvement de la dernière campagne. Le nombre des planteurs a été de 577, la superficie des plantations de 2,500 hectares à quelques unités près, la moyenne du produit 531 kilogrammes brut par hectare, ou 133 kilogrammes net. Sur divers points, le produit brut a dépassé 700 kilogrammes ; on a vu que M. Herzog a atteint 859 kilogrammes, qui sont déjà une limite d’exception. On parle en outre de rendemens supérieurs, comme 1,200, 1,400 et jusqu’à 1,600 kilogrammes brut par hectare. Ces accidens doivent être tenus pour suspects, et dans tous les cas ils ne seraient pas la mesure de la puissance régulière du sol. Qu’une terre d’alluvion, enrichie pendant un long repos des détritus qui s’y sont amassés, communique sa vertu aux premières semences qui lui sont confiées, c’est dans l’ordre ; mais en passant dans la plante une partie de cette vertu s’épuise et ne se renouvelle plus au même degré. Aucun calcul de durée ne peut se fonder sur cette circonstance fugitive. Une moyenne de 600 kilogrammes brut est tout ce qu’on peut attendre dans une suite de campagnes. Quant aux déchets à l’égrenage, une certaine fixité est acquise ; le coton net donne un quart à peu près du coton brut, les graines et les impuretés déduites ; c’est le rendement américain. Ainsi le chiffre de 1,338,000 kilogrammes de coton brut qu’a fourni la province en 1863-64 s’est réduit à 312,000 kilogrammes de coton propre à l’emploi et susceptible d’être livré à nos manufactures. Le soin des préparations et du conditionnement est généralement satisfaisant, et doit l’être pour que la marchandise soit admise à jouir du bénéfice de la prime de sortie.

Vient maintenant la question des qualités et des prix. La règle, pour nos deux provinces d’Afrique, est la culture des qualités supérieures ; les qualités ordinaires n’y sont qu’une insignifiante exception. Il semble que c’est là un avantage, un titre de noblesse ; nous verrons tout à l’heure quels en sont les inconvéniens. Ces qualités supérieures sont un type à part que l’on nomme, on l’a vu,