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le capitaine Burton parfaitement rétabli. Les deux voyageurs prirent congé de leurs hôtes et se dirigèrent sur Zanzibar, où ils arrivèrent sains et saufs. C’est là qu’ils apprirent la mort de leur excellent ami le colonel Hammerton, consul anglais ; toutefois ils reçurent le plus cordial accueil de M. Ladislas Cochet, le consul français. Au mois de mars 1859, ils s’embarquèrent pour retourner dans leur pays, où ils arrivèrent deux mois après, et firent connaître au monde savant leurs découvertes, pour lesquelles la Société de géographie de Paris leur décerna sa grande médaille d’or.

Les données de la science géographique ne s’obtiennent point par de simples déductions ; il y faut le concours et l’appui de l’expérience. Sans doute un pas immense avait été fait vers la solution du problème par la découverte des lacs Tanganika et Victoria, mais la principale inconnue restait encore à dégager. Il fallait prouver en témoin oculaire que le Nil sort de ce dernier lac. Le capitaine Speke voulut avoir l’honneur de cette découverte : il résolut d’entreprendre un troisième voyage. Il n’y avait qu’un moyen de mettre fin à toute espèce de doute, c’était de faire le tour du lac. Tel fut le but de son entreprise, pour laquelle il s’adjoignit un de ses amis, le capitaine Grant, officier comme lui dans l’armée des Indes.

La Société royale de géographie de Londres approuva le plan qu’il lui soumit de gagner de nouveau les régions équatoriales de l’Afrique par la côte du Zanguebar, de prendre Kaseh comme centre d’opération et de.se diriger ensuite vers le nord-ouest en pénétrant dans ces contrées qui font cercle autour du lac Victoria. Il était tellement sûr de trouver le Nil débouchant du côté nord de ce lac, qu’il s’entendit avec un marchand d’ivoire nommé Petherick, qui parcourait dans l’intérêt de son commerce les pays arrosés par le Nil-Blanc, et qui se trouvait momentanément à Londres, pour qu’il tînt à sa disposition des bateaux à Gondokoro. Petherick devait en outre envoyer à la rencontre du capitaine quelques-uns des nombreux facteurs dont il se sert pour recueillir les dents d’éléphant. Ces hommes remonteraient le Nil jusqu’à la hauteur de l’Asua, son premier affluent, et y attendraient M. Speke pour le conduire au comptoir du négociant.

Le capitaine Speke demanda 5,000 livres sterling à la Société de géographie pour faire ce voyage. Cette, somme parut trop forte, on ne lui en alloua que la moitié. Bien que 2,500 livres fussent insuffisantes pour une semblable expédition, il les accepta néanmoins, tant était vif son désir d’achever ses découvertes. Le bureau indien lui fournit une abondante provision de poudre de chasse. Un membre du conseil privé, sir George Clerk, lui fit obtenir un don considérable d’articles d’horlogerie, destinés à être offerts aux chefs arabes qui