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appartiennent les monts Robeho, et sans doute ceux de Kilimandjaro et de Kénia. La moyenne de ce cordon peut avoir six mille pieds d’élévation. Il est interrompu au nord, où le plateau descend graduellement de l’équateur jusqu’à la mer Méditerranée ; mais à l’orient c’est au-dessous du cordon que le plateau s’abaisse subitement, et confond ses premières assises avec la terre d’alluvion dont est formée la plate-bande qui borde la mer. Ce doit être un magnifique spectacle que la vue à vol d’oiseau de ce vaste camp retranché d’où sort le Nil. C’est un enchevêtrement de hautes montagnes et de collines, de vallées et de plaines liquides, pour lesquelles un soleil vertical n’a que des rayons bienfaisans. Le capitaine Speke y a placé quatre lacs. Il nomme d’abord celui de Tanganika, dont nous connaissons la position et l’étendue. Au nord de ce lac, et dans les gorges mêmes des montagnes de la Lune, il en place un second, beaucoup plus petit, appelé Rusizi, sur lequel il n’a pu obtenir de renseignemens précis. Le Rusizi décharge le surplus de ses eaux dans le Tanganika. À une cinquantaine de lieues à l’est se trouve le Nyanza-Victoria, qui a la forme d’un triangle équilatéral dont chaque côté mesure 320 kilomètres de longueur. L’équateur en profile le côté nord, et sa pointe méridionale tombe au 3e degré de latitude sud. À l’angle nord-est se trouve un quatrième lac, le Baringo, qui communique avec le précédent par un large canal, et d’où le capitaine fait sortir le premier affluent du Nil, l’Asua. Ces lacs figurent sur la carte que M. Speke a publiée, ainsi que les ébauches d’un cinquième dont nous parlerons plus tard ; il paraîtrait toutefois que ce ne sont pas les seuls que possède ce vaste plateau. Pour se rendre dans l’Unyamuesi par le chemin des caravanes, le voyageur a dû faire un coude au sud et laisser inexplorée toute la partie du plateau située entre l’équateur, le lac Victoria et la ligne qu’il a parcourue, c’est-à-dire un espace de cent lieues sur cent cinquante environ. D’après les informations qu’il a obtenues, cette section du plateau, appelée le Masaï, aurait à peu près le même caractère que l’autre. Les montagnes y seraient plus élevées, puisque le Kilimandjaro et le Kénia ont leurs cimes couvertes de neige. Elle renfermerait de plus des plaines salées.

Sur les côtes de l’Océan, la saison des pluies ne dure qu’une quarantaine de jours ; dans le centre du continent, elle est beaucoup plus longue. Au 5e degré de latitude sud, la pluie ne cesse de tomber pendant les six mois où le soleil est au midi de l’équateur, et il paraît qu’il en est de même au 5e degré de latitude nord. Dans l’année 1861, pendant laquelle le capitaine Speke et son ami ont voyagé du 5e degré au 1er  de latitude sud, il a plu 132 jours, dont 107 du mois d’octobre au mois d’avril, et en 1862, année de leur séjour sous la ligne, il a plu 233 jours. Les mois les moins humides