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des autres continens par une sorte de nivellement général, il existe cependant une grande chaîne de montagnes qui règne tout au long de la côte orientale, depuis la péninsule d’York jusqu’à l’extrémité de la Terre de Van-Diémen, et porte les noms de « Montagnes-Bleues, Alpes australiennes, » ou plus généralement de « grande Chaîne de Séparation. » C’est en effet sur la ligne de faîte de cette chaîne que s’opère le partage entre les eaux qui coulent à l’est et celles qui coulent à l’ouest. Comme en Amérique, où les Cordillères sont très proches de l’Océan-Pacifique et très éloignées de l’Atlantique, cette ligne de partage est sur le bord extrême du continent. Les principaux sommets n’ont d’ailleurs qu’une médiocre élévation. Ils atteignent rarement 3,000 mètres au-dessus du niveau de la mer ; il n’y a là rien de comparable aux grandes masses de montagnes qui occupent le centre de l’Amérique, de l’Asie et même de l’Europe. Des chaînons secondaires s’en détachent à angle droit en se dirigeant vers l’intérieur. Le plus important est celui qui traverse la colonie de Victoria, de l’est à l’ouest, sous les noms de monts Pyrénées, Grampians. C’est à cette chaîne secondaire qu’appartiennent les monts Ararat, William, Alexander, et c’est là qu’ont été découverts les fameux champs d’or de Ballarat et de Bendigo.

Cette chaîne de montagnes fait la prospérité des trois colonies qu’elle traverse, Victoria, Nouvelle-Galles du sud et Terre de la Reine, plus encore par l’influence qu’elle exerce sur le climat que par les richesses minérales qu’elle recèle. Entre la ligne de faîte et la côte du Pacifique, c’est une succession ininterrompue de belles vallées, de petites rivières qui sont navigables sur une faible étendue, mais qui ne sont jamais à sec. Sur toute cette côte, qui a plus de 3,500 kilomètres de long, on connaît a peine quelques districts stériles. Les ports naturels sont nombreux, les rades sont spacieuses, bien abritées, et certaines d’entre elles sont citées parmi les plus belles du monde, celle de Sydney par exemple. Les montagnes, assez escarpées dans la province de Victoria, deviennent tout à fait abruptes dans la Nouvelle-Galles du sud ; on a cru pendant longtemps qu’il serait impossible de trouver des défilés praticables. Plus au nord, dans la Terre de la Reine, les sommités s’abaissent, s’arrondissent, et deviennent même propres à la culture. L’angle nord-est du continent est formé de hauts plateaux d’une fertilité admirable, où les chaleurs du tropique sont heureusement amorties par l’altitude du terrain. En résumé, toute la côte du Pacifique est promise à un brillant avenir, parce que la nature y a réuni tout ce qui fait les pays riches : un sol fertile, un climat tempéré et des eaux abondantes. On peut dire tout de suite que les autres côtes de l’Australie offrent à des degrés divers, et sur une étendue plus restreinte,