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L’Enseignement primaire
des filles en 1864

La France, depuis dix ans, ne ménage guère ses revenus ; les malveillans prétendent même qu’elle entame son capital. Elle a sur pied 400,000 hommes, quelquefois 420,000 ; elle n’entretient pas moins de 259 navires armés au lieu de 188, qui est le chiffre normal ; elle double, triple et quadruple les traitemens de ses grands fonctionnaires ; elle a des flottes en Chine, en Cochinchine, au Mexique, une armée à Rome. Elle fait de sa capitale ce qu’un habile machiniste pourrait faire de la scène de l’Opéra. Nous voilà loin de ces temps de prudence exagérée où la chambre disputait pendant toute une séance pour une économie de 6,000 francs : on ne s’occupe plus aujourd’hui de toute cette monnaie ; la nouvelle unité de compte, en langage législatif, est le million. Nous en versons 300 au Mexique sans sourciller ; nous en avons jeté 26 dans les fondations du nouvel Opéra. Nous trouvons chaque année dans l’inépuisable trésor de la France 1,500,000 fr. pour les théâtres de Paris, 15 millions pour les maisons de détention, 5 millions et davantage pour le pénitentiaire de Cayenne. Puisque les millions ne nous coûtent plus rien, ne pourrions-nous en ajouter 5 ou 6 au maigre budget de l’instruction primaire ?

On fait sonner bien haut les 6 ou 7 millions qu’on lui donne sur les ressources ordinaires de l’état, et ces millions, il faut le reconnaître, font un grand effet quand on les compare aux 50,000 fr. de la restauration et aux 5,000 fr. du premier empire ; mais il ne s’agit pas, dans une matière aussi grave, de savoir si on fait mieux que