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de 9 fr. 50 c. et 11 fr. La commune de Rio ne bénéficie en rien sur l’extraction ni l’exportation. L’état, qui depuis l’époque pisane s’est adjugé la propriété minérale de l’île, du moins pour le fer, paie seulement à la commune une rente annuelle de 5,000 fr. Les habitans tirent du travail des mines, de toutes les opérations, de tout le mouvement auquel il donne lieu, leurs principaux moyens de subsistance. Sans les mines, on peut dire que toute la côte entre les caps Calamita et della Vite serait déserte et inhabitée, à part le golfe de Porto-Longone et quelques autres points, où de rares agriculteurs, quelques pêcheurs et quelques marins seraient venus planter leur tente ou jeter leurs filets. On peut estimer à un millier au moins le nombre de tous les individus attachés à l’exploitation sur les cinq districts ferrifères : mineurs, âniers, terrassiers, porteurs, peseurs, chargeurs, etc. Ce millier d’ouvriers, si l’on y ajoute les marins, les marchands, les agriculteurs, puis les femmes, les enfans, représente une population totale de 8 à 10,000 habitans, à peu près disséminés également entre Rio-Marina, Rio-Alto, Porto-Longone et Capoliberi.

Les cinq rades où l’on charge le minerai n’étant que des rades foraines, la belle saison est surtout l’époque propice à l’embarquement. La moitié de l’année est donc seule utilisée pour cette opération ; encore faut-il que les navires s’échappent au moindre grain et se réfugient à Longone ou à Porto-Ferrajo, s’ils ne veulent pas être désemparés. Malgré tant d’inconvéniens réunis, on peut charger à Rio jusqu’à 350 tonnes par jour avec les seuls porteurs et le mauvais pont dont on dispose. On augmente encore ce chiffre lorsqu’un navire est pressé, et, ne voulant pas attendre son tour réglementaire, demande à être chargé en rade par des chalands. Dans ce cas, la mise à bord du minerai coûte 2 francs par tonne au lieu de 1 franc ; mais aussi il est des navires qui sont de la sorte allés à Bouc ou à Marseille, sont revenus et repartis, pendant que d’autres attendaient encore dans les eaux inhospitalières de Rio. Le prix de vente du minerai est, pour les qualités en roche, de 10 francs 50 centimes la tonne prise à la plage, et pour les terres lavées de 7 francs 50 centimes[1]. Ces prix sont d’ailleurs ceux que paient les forts consommateurs ; pour les petits acheteurs, on comprend que les chiffres soient un peu plus élevés.

  1. On donne le nom de terres lavées à celles qui proviennent des anciennes exploitations depuis le jour où les Étrusques portèrent les premiers sur ces gîtes le pic du mineur. On lave ces terres pour en chasser en partie la gangue d’argile ou de silice, et on augmente ainsi leur valeur. Jusqu’à ces dernières années, où les Anglais les premiers achetèrent ces déblais pour les fondre, on regardait les gettate de Rio comme un véritable embarras ; aujourd’hui ce sont surtout ces terres que l’on expédie.