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mettre d’investir enfin cette place en vue de laquelle il était depuis si longtemps campé. Abandonnant ses cantonnemens de Milliken’s-Bend, il fit prendre à son armée les routes boueuses qui longent la rive droite du Mississipi, et bientôt il arrivait en face de Grand-Gulf, petite ville située à 90 kilomètres de Vicksburg et dominée par de hautes falaises où les confédérés érigeaient en toute hâte de puissantes batteries. Tandis que les canonnières fédérales démolissaient ces fortifications improvisées, qui dans l’espace de quelques semaines eussent pu devenir un autre Vicksburg, l’armée débarquait à une petite distance en aval, et commençait immédiatement sa marche dans la direction du nord-est, à travers un pays très accidenté et coupé de ravins profonds. Dès le lendemain, elle se heurtait contre d’ennemi, près de la ville de Port-Gibson, et le mettait en déroute en lui faisant un millier de prisonniers. Le 15, elle atteignait Raymond, à l’est de Vicksburg, et battait les troupes peu nombreuses que lui opposait le général Gregg. Deux jours après, elle entrait à Jackson, capitale du Mississipi et point de croisement des deux grands chemins de fer de l’état. Le 16 et le 17, nouvelles batailles sur la route de Vicksburg; le général Pemberton, défait, se réfugia dans les murs de la place, abandonnant dix-huit pièces d’artillerie et laissant 3,000 prisonniers entre les mains des fédéraux. De son côté, la flotte n’était pas inactive : l’amiral Porter pénétrait dans la rivière Yazoo, au nord de Vicksburg, et, s’emparant des batteries de Haine’s-Bluff que l’ennemi évacuait rapidement afin de ne pas être pris entre deux feux, se mettait en communication directe avec l’armée fédérale. Le 21, la place était complètement investie, et les assiégés offraient au général Grant de l’abandonner avec l’artillerie et les munitions de guerre, à la condition de pouvoir rejoindre librement les forces de Johnston. Grant refusa, et, croyant sans doute l’ennemi plus affaibli qu’il ne l’était, ordonna pour le lendemain un assaut général. Cet assaut ayant été repoussé après un combat sanglant, les fédéraux durent se résigner à entreprendre un siège régulier. Du reste, le résultat définitif ne pouvait être douteux. La place devait nécessairement tomber tôt ou tard, si l’armée de Johnston ne réussissait pas dans l’œuvre difficile de percer les lignes fédérales et de ravitailler la garnison.

Les opérations tentées à la même époque contre Port-Hudson par le général Banks et l’amiral Farragut étaient pour ainsi dire une répétition exacte des mouvemens accomplis par le général Grant et l’amiral Porter devant la place de Vicksburg. Après avoir parcouru les bords de la Rivière-Rouge pour détruire les dépôts d’approvisionnemens et les convois des confédérés, l’armée de Banks débarqua le 21 mai à Bayou-Sara, entre Port-Hudson et Bâton-Rouge,