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culbuta les troupes ennemies le 23, et le 25 vint mettre le siège devant ces formidables ouvrages dont les batteries avaient naguère fait tant de mal à la flotte de l’amiral Farragut. Dès le 25 au soir, la garnison abandonnait la ligne extérieure des fortifications, et le 27 l’armée de l’Union tentait un assaut général. Le combat dura huit heures avec un acharnement sans pareil. Les hommes de couleur se distinguèrent surtout par leur bravoure. Dans son rapport, le général Banks leur rendit ce témoignage, que « leur conduite avait été vraiment héroïque, » et qu’il serait impossible de les « dépasser en résolution et en audace. » Un des régimens africains de la Louisiane, composé de 900 hommes, pénétra jusque dans la place ; mais, n’étant pas soutenu, il fut accablé par le nombre. Ces hommes de couleur, naguère esclaves ou avilis, luttèrent contre leurs anciens maîtres avec une véritable fureur; après avoir épuisé leurs munitions, ils se défendirent avec les crosses de leurs fusils, puis avec les mains et les dents : aucun d’eux ne demanda quartier. Trois cents hommes seulement revinrent dans les lignes fédérales, laissant six cents de leurs frères en dedans des remparts ennemis. Sur presque tous les autres points, les assaillans furent également repoussés. A Port-Hudson comme à Vicksburg, les fédéraux durent avoir recours au long et fatigant labeur d’un siège régulier.

Tandis que les efforts de la principale armée fédérale et des flottilles de Porter et de Farragut se concentraient sur les deux forteresses qui barraient encore le cours du Mississipi, la flotte de l’amiral Dupont, aidée de quelques troupes de débarquement, opérait sur les côtes de l’Atlantique contre les abords de Savannah et de Charleston. Au point de vue purement stratégique, les diverses tentatives faites sur le littoral de la Géorgie et de la Caroline du sud n’avaient pas grande importance, car elles ne pouvaient avoir pour résultat la conquête d’une partie notable du territoire des rebelles; mais elles animaient un peu la vie des marins chargés de surveiller les rivages, contribuaient à rendre le blocus effectif, et forçaient l’ennemi à maintenir des garnisons considérables dans toutes les villes menacées. D’ailleurs les opérations navales des fédéraux avaient pour conséquence de mettre à l’épreuve la prétendue invulnérabilité des vaisseaux cuirassés, et de constater les qualités et les défauts de chaque type de navire comme instrument de combat. Les monitors ou bateaux à coupole remportèrent quelques succès sur les côtes mal défendues, l’un d’eux réussit même à détruire complètement, à la distance de plus d’un kilomètre, le fameux corsaire Nashville, échoué sur un banc de sable de la rivière Ogeechee; mais les navires de ce genre n’obtinrent aucun résultat sérieux à l’attaque de fortifications régulières. Le 3 mars, trois monitors, le Passaic, le Patapsco et le Nahant, assistés de plusieurs ba-