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à donner l’assaut. La ville de Gettysburg qu’ils occupaient masquait en partie leurs mouvemens.

La vraie bataille commença entre trois et quatre heures du soir par une furieuse attaque des confédérés sur le flanc gauche des unionistes. Par un fâcheux malentendu, un corps d’armée fédéral se trouvait en cet endroit à plus d’un kilomètre en avant de la ligne de bataille. Profitant de la faute de leurs adversaires, les généraux du sud Hill et Longstreet lancent leurs divisions contre ces régimens isolés, les accablent sous le nombre et les forcent à reculer en désordre après une lutte acharnée. Si la brèche faite dans les rangs des fédéraux n’avait été immédiatement comblée, c’en était peut-être fait de l’armée tout entière; heureusement la disposition des troupes en forme de triangle allongé permit au général Meade de fortifier aussitôt l’aile gauche au moyen de corps d’infanterie empruntés à la réserve et à l’aile droite. Les épaisses colonnes des confédérés furent rejetées dans la plaine avec un carnage horrible, et vers six heures de l’après-midi la ligne des unionistes s’était reformée dans le plus grand ordre sur les pentes occidentales du massif. Après cette malheureuse tentative faite contre l’aile gauche de l’armée fédérale, le général Lee ordonna l’assaut du centre. Débouchant tout à coup des rues de Gettysburg, les soldats confédérés gagnèrent au pas de charge le sommet de la colline; mais, foudroyés par la formidable artillerie du cimetière, ils durent bientôt redescendre en toute hâte et se réfugier dans la ville, en laissant le sol couvert de morts et de blessés. Il est vrai qu’à l’extrême droite, affaiblie dès le commencement de la lutte par les emprunts que lui avait faits l’aile gauche, le général séparatiste Ewell réussit à entamer les lignes fédérales : c’était là un bien faible avantage, comparé aux désastres subis par les rebelles à l’attaque du centre et de la gauche; pendant ce deuxième jour de bataille, la fortune leur avait été contraire.

La lutte, à peine interrompue par quelques heures de nuit, recommença dès l’aube du 3 juillet à l’extrême droite des fédéraux. Des masses considérables de troupes, empruntées à l’autre flanc de l’armée, s’élancèrent sur la division confédérée du général Ewell, la délogèrent du terrain qu’elle avait conquis la veille et la rejetèrent dans la vallée. Renforcés à leur tour, les séparatistes revinrent plusieurs fois à la charge et ne cessèrent pendant toute la matinée d’assaillir cette partie des positions fédérales, tantôt sur un point, tantôt sur un autre; mais ces attaques, faites avec une certaine mollesse, n’étaient probablement que des feintes destinées à cacher les véritables intentions du général Lee. En effet, vers onze heures, un terrible silence succéda tout à coup au tumulte de la bataille ; le corps de Longstreet, la division Pickett, se dirigèrent rapide-