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ses lignes autour de Knoxville en abandonnant ses communications avec le col de Cumberland. Il était impossible de lui envoyer des renforts. Le gouvernement de Washington dut se borner à le secourir indirectement en ordonnant au général Meade de harceler l’armée de Lee et même de lui offrir bataille. En effet, le général Lee, craignant d’ouvrir à ses adversaires le chemin de Richmond, lut obligé de garder avec lui toutes ses troupes, déjà bien réduites par les maladies et les combats. Grâce aux escarmouches incessantes qui ensanglantaient les bords du Rappahannock et du Rapidan, Burnside n’eut donc rien à craindre de l’armée de la Virginie; mais après le combat de Wauhatchie il eut à se défendre contre les troupes de Longstreet. Il se retrancha dans Knoxville, construisit à la hâte quelques forts, et prit toutes les mesures nécessaires pour soutenir un siège en règle. Encouragés par le zèle patriotique de la population, les soldats de Burnside résistèrent avec succès à toutes les attaques. Enfin le 29 novembre, le général Longstreet, qui connaissait déjà la victoire de Grant à Chattanooga, et qui s’attendait à être attaqué lui-même d’un jour à l’autre, tenta un suprême effort. Repoussé avec de grandes pertes, il dut battre précipitamment en retraite vers l’angle extrême de l’état, sur les frontières de la Virginie et de la Caroline du nord. La campagne du Tennessee oriental, comme celle de Chattanooga, s’était terminée par la victoire décisive des fédéraux.


V. — CAMPAGNES DE 1864. — EXPÉDITIONS DES GÉNÉRAUX SHERMAN, BANKS ET GILLMORE. — MASSACRE DU FORT PILLOW. — BATAILLES DE LA VIRGINIE. — SIÈGES DE PETERSBURG, d’ATLANTA ET DE MOBILE.

Ainsi, au commencement de l’année 1864, les armées de l’Union avaient arraché aux rebelles confédérés tout le versant mississipien de cette longue chaîne des Alleghanys, qui traverse en diagonale le groupe oriental des états à esclaves. Les fédéraux n’avaient encore franchi les montagnes sur aucun point pour descendre dans les plaines du versant atlantique ; mais leurs flottes bloquaient les côtes, et des garnisons de soldats du nord occupaient plusieurs positions très importantes : Norfolk, New-Bern, l’île Morris, Port-Royal, le fort Pulaski, Fernandina, Pensacole. Au-delà du Mississipi, les régions les plus populeuses de la Louisiane occidentale, l’Arkansas, le Missouri, ne faisaient plus partie du territoire que le congrès esclavagiste avait réclamé comme son domaine, et le général Banks venait de prendre sans coup férir la place texienne de Brownsville, le principal rendez-vous des violateurs du blocus et la seule ville par laquelle les états du sud étaient encore en communication directe avec le reste du monde. Les fédéraux ne cessaient