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nent à l’immigration australe. Les tableaux statistiques officiels ne font pas connaître seulement le chiffre total de la population et sa répartition par nationalités ; ils indiquent encore les naissances et les décès. On peut donc étudier comment cette population se conserve et se multiplie, suivre le sort des immigrans et examiner à quel point le climat convient aux Européens du. nord, qui semblent dépérir lorsqu’ils sortent des latitudes froides qui furent leur berceau.


III.

Les habitans de l’Australie nés dans le pays même sont encore en minorité, tant le recrutement extérieur a été actif depuis la découverte des mines; cependant les mariages, qui sont en général très féconds, contribuent pour une forte part à l’accroissement de la population. Ainsi, en comparant les provinces australiennes à ceux des départemens français qui ont à peu près le même total d’habitans, on trouve que le nombre des mariages est relativement presque le même qu’en France, que le nombre des décès est un peu moindre, et que le nombre des naissances est environ de 60 pour 100 plus considérable. Le même fait a été observé, on le sait, dans tous les pays neufs, notamment dans les états de l’Amérique du Nord. Ce qui est plus étonnant, les provinces de l’Australie, à part les districts d’occupation récente, contiennent peu d’habitans issus des provinces voisines. Les colons manifestent donc déjà une certaine tendance à s’attacher au canton où ils sont nés. Sauf les brusques déplacemens que cause l’attraction des mines d’or, l’immigrant reste de préférence sur le sol où il s’est fixé dès son arrivée. Ce sentiment, favorisé par la variété des climats et des conditions physiques, peut transformer, par la suite des temps, chaque province en une nationalité distincte.

On s’est beaucoup émerveillé du rapide accroissement de la population australienne en quelques années. La province de Victoria avait 12,000 habitans en 1841, 77,000 en 1851, année de la découverte de l’or, et 540,000 en 1861[1]. Ce mouvement progressif paraît se modérer. Il n’y aura plus sans doute de ces afflux subits d’émigrans qui bouleversaient toutes les habitudes des co-

  1. On jugera mieux de la marche ascendante de la population par le tableau suivant, qui résume le nombre des émigrans partis de l’Angleterre pour l’Australie pendant trois périodes décennales :
    Total Moyenne annuelle
    1830—1839 53,274 5,327
    1840—1849 126,937 12,694
    1850—1859 498,537 49,854