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quelle influence salubre et vivifiante les vents de la mer exercent sur le climat de tous les pays. La côte méridionale de l’Australie est placée dans des conditions particulièrement favorables, exposée en plein aux vents du sud-est, du sud et du sud-ouest, qui lui arrivent chargés d’émanations bienfaisantes après avoir traversé une immense étendue de mer. Les chaînes de montagnes dirigées de l’est à l’ouest sont au reste assez peu élevées pour ne pas arrêter ces courans d’air, qui pénètrent au loin dans l’intérieur des terres et y portent la vigueur et la santé. Toutes les parties de l’Australie qui sont déjà occupées ont ce qu’on appelle un climat marin, chaud et fortifiant, et néanmoins l’air y est relativement sec, parce que les vents dominans, qui arrivent du pôle, se réchauffent à mesure qu’ils s’avancent vers l’équateur, et deviennent susceptibles, comme nos vents du nord, dont ils jouent le rôle, d’absorber la vapeur d’eau en plus grande quantité. Ces phénomènes climatériques sont surtout appréciables dans les provinces méridionales, les plus peuplées jusqu’à ce jour. Quelquefois, il est vrai, elles sont exposées aux vents du nord, qui ont pris une température suffocante en passant au-dessus des régions centrales du continent; mais ces vents, qui rappellent le simoun et le sirocco de l’Afrique septentrionale, soufflent rarement, et chaque fois pendant quelques heures seulement : encore paraissent-ils perdre en partie leur caractère brûlant depuis que les districts de l’intérieur ont été défrichés en partie.

La température, qui dépend à la fois de la latitude et de la direction des vents, n’est pas moins propre à entretenir un état sanitaire satisfaisant. Cette contrée est si grande et s’étend sous des latitudes si diverses que la température moyenne de l’année varie beaucoup du nord au sud du continent; cependant elle est partout moins élevée que dans notre hémisphère, à latitude égale. Ainsi la Tasmanie a le même climat que le centre de la France, quoique plus rapprochée du pôle de quelques degrés. Melbourne, située à peu près comme Palerme, a la moine température moyenne, que Montpellier, Nice, Gènes ou Florence, de 14 à 15 degrés centigrades, avec cette différence que l’écart de l’hiver à l’été est moindre, c’est-à-dire qu’il fait à Melbourne moins froid en hiver et moins chaud en été. Lisbonne représente assez bien le climat habituel de la province de Victoria; Sydney peut être comparé à Naples, et Brisbane à Alger. Quant aux côtes septentrionales, elles sont plus chaudes encore ; mais, proportion gardée, elles paraissent l’être moins que les contrées de l’hémisphère boréal qui sont à la même distance de l’équateur. Les pluies sont aussi plus rares que dans nos contrées, si l’on excepte certains points de la côte oriental : il ne tombe que 43 centimètres d’eau par an dans la vallée moyenne de la Murray,