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été arrêté à temps par un conseil municipal sorti de l’élection populaire.

Les pays étrangers offrent cette fois peu d’aliment à notre curiosité. En Italie, l’affaire de la translation de la capitale est enfin terminée. Le sénat a voté la loi, et le roi l’a promulguée. La discussion du sénat a été remarquable : d’excellens discours y ont été prononcés par M. Manno, par M. Matteucci, etc. À nos yeux, l’intérêt du débat s’est concentré sur les discours de M. d’Azeglio et du général Cialdini. Il y a quelque chose de touchant et de dramatique dans la résignation élevée et patriotique avec laquelle l’illustre et généreux d’Azeglio s’est rallié à une combinaison qu’il ne pouvait entièrement approuver ; mais il y a aussi dans les paroles du général Cialdini une virilité martiale, un accent de raison robuste, une énergie confiante qui sont d’un bon augure pour les destinées de l’Italie. Nous conseillons aux personnes que certains souvenirs ont rendues hostiles au général Cialdini de lire dans l’original la reproduction complète du discours de ce général : on dirait une harangue détachée d’un livre de Guicciardini. Les amis et les ennemis de l’Italie reconnaîtront vite à cette lecture que l’on a affaire, en Cialdini, à un homme d’une trempe peu commune.

Les républiques de La Plata, qui avaient fait moins parler d’elles depuis quelque temps, sont peut-être menacées de nouvelles perturbations, qui ont leur point de départ dans l’expédition entreprise, il y a déjà près de douze ans, par le général Florès pour renverser le gouvernement de la Bande-Orientale. La guerre civile, rallumée depuis cette époque, se traînait languissamment, et la faveur publique dont Florès était l’objet à Buenos-Ayres, fatiguée par l’impuissance de ses efforts, l’abandonnait sensiblement et avait fait place à la plus grande indifférence, quand l’intervention inattendue du Brésil a donné à la situation un caractère tout nouveau, a ranimé les espérances du parti dont Florès s’est déclaré le chef, et par contre-coup a inquiété assez vivement le Paraguay pour que le général Lopez ait protesté contre la politique du cabinet de Rio-Janeiro et laissé pressentir qu’il mettrait son armée en mouvement, si les troupes brésiliennes envahissaient le territoire de l’Uruguay. La gravité de cette crise, qui s’était obscurément préparée à travers des essais inutiles de régénération et de médiation étrangère dont les péripéties n’avaient pas assez attiré l’attention publique, vient de se révéler par l’attitude qu’a prise et le langage qu’a tenu le corps diplomatique européen à Montevideo en réponse à une communication du commandant des forces navales brésiliennes, et on a surtout remarqué la note du chargé d’affaires de France, M. Maillefer, qui est aussi ferme que raisonnable et correcte. L’amiral brésilien prétendait que les agens étrangers à Montevideo s’associassent pour ainsi dire aux mesures hostiles de son gouvernement contre le gouvernement légal de la Bande-Orientale en interdisant à leurs nationaux tout transport crames et de munitions de guerre dans les ports de l’Uruguay par les forces de l’autorité