Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 54.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de 6 fr. 38 cent, pour la seconde, de 5 fr. 77 cent, et de 5 francs 09 centimes pour la troisième et la quatrième. Si l’on considère que les enfans adoptés par les hospices restent à leur charge au moins jusqu’à douze ans, on verra tout ce que la distribution des secours aux mères a procuré d’économies. La commission chargée de l’enquête de 1860 a donc pu à tous les points de vue signaler les avantages d’un système qui, maintenu à l’état de mesure facultative et locale, appliqué avec discernement et prudence, amène toujours la reconnaissance de l’enfant par la mère (le secours n’est accordé que dans ce cas), souvent le mariage du père et de la mère, diminue les crimes de l’infanticide et de l’abandon, exonère les établissemens hospitaliers, et sur 100 enfans en sauve 30, puisque sur 100 enfans déposés à l’hospice il en serait mort 59 dans la première année, tandis que, gardés par leurs mères, 29 seulement succombent.

Depuis la distribution de secours aux mères pauvres, on ne peut plus conserver aux enfans objets de la sollicitude publique la dénomination d’enfans trouvés ou abandonnés. En les appelant enfans assistés, en confondant sous un seul nom qui ne rappelle rien qu’une grande vertu sociale, toutes les catégories d’enfans dont la charité prend soin, on a réellement accompli un grand progrès. L’hospice des enfans assistés n’est plus cet abîme où le sort de l’enfant se perdait avec le souvenir de la honte maternelle ; c’est un lieu de dépôt où la famille sans ressources confie un être fragile à des mains pieuses et bienfaisantes avec la certitude qu’il lui reviendra élevé dans des conditions égales à celles de tous les autres enfans. En améliorant le sort de l’enfant pauvre, on a, dans beaucoup de cas, et c’est un bien immense, relevé aussi le moral de la mère. Le secours à domicile lui a rendu les soins de la maternité plus faciles ; quand elle veut s’en exonérer, la déclaration de la naissance lui donne la certitude qu’elle retrouvera son enfant après une séparation quelquefois forcée. Elle se sent moins coupable en le confiant à l’hospice qu’en l’exposant dans le tour.

L’Angleterre n’a jamais eu de catégorie distincte d’enfans trouvés. les abandonnés, les exposés, les orphelins sont à la charge des paroisses et profitent des bénéfices de la taxe commune à tous les pauvres ; mais combien les soins locaux distribués de cette manière avec les maisons de travail et la prison pour corollaires sont loin du régime français, grâce auquel chacun des enfans assistés est recueilli dans une famille qui l’élève avec satisfaction et avec profit sous la surveillance de l’état, en fait un de ses membres, et par l’éducation communale assimile son sort à celui de tous les enfans d’une localité où son origine reste souvent inconnue ! Cette confusion