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pension pour faire travailler à leur profit les enfans au lieu de les envoyer à l’école, on donne une indemnité à ceux qui les y laissent aller avec le plus d’assiduité. L’ensemble de ces indemnités atteint 84,000 francs. Sur le nombre des enfans en âge de fréquenter les écoles, plus de 87 pour 100 reçoivent annuellement le bienfait de l’instruction. L’enseignement religieux leur est aussi distribué avec soin, et l’administration décerne des récompenses à ceux de ses pupilles que les inspecteurs lui désignent comme les plus méritans. Si quelques-uns annoncent des dispositions exceptionnelles, elle fait les sacrifices nécessaires pour leur assurer une position honorable.

À douze ans, les enfans sortent pour ainsi dire de pension ; ils entrent en apprentissage. Ceux qui s’en chargent à ce moment reçoivent une indemnité de 50 francs ; mais l’inspection suit les apprentis dans cette nouvelle situation. Elle intervient dans les cas peu nombreux où les nourriciers ne les conservent pas, elle règle le mode et les conditions de l’apprentissage ; elle stipule l’époque et la quotité des salaires qu’ils peuvent gagner ; enfin elle place les sommes qu’ils possèdent à ce titre. En 1861, le nombre des livrets de caisse d’épargne s’élevait à 5,015, pour une somme de 205,000 francs. Dans ce nombre d’enfans confiés aux soins de l’assistance publique, il se rencontre nécessairement de mauvaises natures et des êtres vicieux. Pour ceux-là, depuis longtemps on a eu recours aux colonies pénitentaires. Depuis 1850, bien des essais ont été tentés qui n’ont pas tous réussi. Des enfans ont été placés, successivement dans les colonies de Montagny et de Blanzy dans le département de Saône-et-Loire, de Varaignes dans la Dordogne, aux Bradières dans la Vienne, dans les ouvroirs de Vaugirard et de Conflans, dans l’établissement de Bethléem à Reims, enfin dans les colonies pénitentiaires de Bouffarick et de Ben-Akeroun en Algérie. Peu à peu l’administration a retiré ses pupilles de toutes ces maisons ; elle n’en confie plus maintenant qu’à M. l’abbé Halluin, qui dirige l’établissement professionnel d’Arras. Les enfans tout à fait vicieux sont renvoyés à l’hospice de la rue d’Enfer, où ils sont sévèrement gardés jusqu’à ce qu’on puisse les placer convenablement.

Les infirmités physiques enfin sont, comme les infirmités morales, l’objet de soins spéciaux. Un chapitre du budget, qui atteint 30,000 francs par an, est relatif aux pensions payées pour les élèves infirmes hors de l’hospice. La maison reprend et garde ceux qui ne peuvent rendre aucun service dans les familles où. ils seraient placés, et qui y subiraient un sort trop misérable. Dans une visite rue d’Enfer, nous avons vu une grande jeune fille entièrement paralysée, chez qui la vie ne se manifestait que par le regard : elle était