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ordinaire de l’atmosphère, qui ramène et les germes et la fécondation dite spontanée, dans les autres un air qui a traversé un tube chauffé au rouge et où les germes se brûlent. Ces derniers ballons restent invariablement stériles : ayant supprimé les germes, on a détruit toute vie ultérieure.

Après avoir reconnu dans les poussières flottantes la présence de corps organisés arrondis qui lui semblaient être des spores et des œufs, et prouvé qu’en les brûlant on rend l’air stérile, M. Pasteur n’avait plus qu’une chose à faire, à démontrer que ce sont en réalité des germes féconds. Pour cela, il fallait les semer ; voici comment il s’y prit. Ayant préparé, comme nous venons de le dire, une infusion inféconde en la faisant bouillir et en la gardant dans un vase fermé au contact d’un air qui avait été brûlé, il y fit tomber, par un procédé que nous ne décrirons pas, un petit tube qui renfermait une bourre d’amiante. Suivant les cas, la solution demeurait stérile ou devenait féconde : toujours stérile quand la bourre avait été chauffée au rouge et ne contenait pas de germes, toujours féconde quand on y avait préalablement fait filtrer de l’air et qu’elle avait recueilli à travers ses filamens les corps arrondis dont nous avons parlé. Comme dans les cas où l’on opère au contact de l’air atmosphérique ordinaire, les générations naissantes apparaissaient au bout de vingt-quatre ou trente heures ; elles se composaient des mêmes espèces, et, circonstance importante, elles naissaient dans le tube, sur l’amiante, aux points mêmes où les germes étaient placés. On tenait ainsi le nœud de la question. Des germes avaient été recueillis, on les avait semés, et comme ceux qui flottent dans l’atmosphère, ils avaient germé.

Je viens d’exposer tels qu’il les a produits les expériences et les a raisonnemens de M. Pasteur. Historien désintéressé, je dois maintenant y répondre au nom de M. Pouchet. Commençons par une expérience importante. M. Pouchet refait la dernière épreuve par laquelle M. Pasteur avait semé les germes, avec cette différence qu’au lieu de tubes contenant de l’amiante, il laisse tomber dans le ballon stérile du foin, une feuille, ou en général une substance putrescible, qu’il a eu soin de chauffer pendant une heure et demie à 150 degrés ; il ajoute en note : on peut chauffer jusqu’à 200 degrés, si l’on veut. — J’aurais mieux aimé que ce dernier chiffre fût affirmé dans le texte. — Or M. Pouchet voit apparaître après un temps quelquefois très long des mucédinées, des vibrions et des bactéries, jamais d’infusoires ciliés. Il explique ce résultat en disant que s’il y avait des germes dans la matière putrescible, ils auraient dû être décomposés par la température énorme qu’ils ont supportée, et que la fécondité de la solution ne peut dans ce cas être expliquée que par l’hétérogénie. Ce raisonnement serait en effet inattaquable,