Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 54.djvu/603

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
THEODORE II
ET
LE NOUVEL EMPIRE D'ABYSSINIE

II.
LA POLITIQUE DU NEGUS DEPUIS 1861. — SES RAPPORTS AVEC L'EUROPE


I.

Au printemps de 1861, le négus Théodore II, vainqueur d’un soulèvement qui ne tendait à rien moins qu’à démembrer son empire[1], était arrivé au faîte de sa puissance matérielle et morale. Les difficultés extérieures n’existaient pas encore ; les résistances intérieures s’étaient effacées devant le prestige d’une victoire d’autant plus brillante qu’elle avait été plus disputée. Parmi les grands chefs indigènes, nul ne se sentait de force à relever le drapeau de Negousié ; il ne restait plus que deux amis du malheureux prétendant, qui, aux extrémités de l’Abyssinie, tâchaient de se faire oublier ; c’était Tedla-Gualu dans le Godjam, et dans le Hamazène dedjaz Mered, qui avait vaillamment défendu cette province contre les grands officiers impériaux de la frontière. Mered sut si bien se cacher qu’à partir du mois d’août 1861 on ne le voit mêlé à aucun des événemens politiques de l’empire, et que le négus finit par lui accorder généreusement son pardon, Quant à Tedla-Gualu, sa résistance devait être plus sérieuse, mais elle ne se manifestait pas encore au moment dont nous parlons.

  1. Voyez la Revue du 1er novembre.