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la valeur de ce métal précieux, et par suite dans le système monétaire de tous les peuples. Les chiffres qui précèdent permettent de répondre à ces préoccupations et d’entrevoir d’assez loin l’avenir réservé à l’exploitation des terrains aurifères. Deux faits principaux doivent être mis en relief : d’une part la proportion relativement faible du travail mécanique par rapport au travail manuel, de l’autre le bénéfice moyen assez médiocre et toujours décroissant que l’on recueille. Laissons de côté, si c’est possible, la nature exceptionnellement attractive du produit fabriqué, et comparons cette industrie à l’une de celles qui fleurissent en Europe. Les mines d’or de la Victoria, avec 90,000 ouvriers, 13,500 chevaux-vapeur et une mise de fonds d’environ 40 millions, produisent une valeur de 160 millions par an. Voilà les quatre chiffres qui résument tout ce mouvement industriel. Eh bien ! quelle est l’industrie européenne qui pour le même nombre d’hommes n’emploie une force motrice mécanique beaucoup plus considérable et ne donne un produit bien plus élevé ? Les mines d’or sont donc encore dans l’enfance et ont bien des progrès à réaliser pour se mettre au niveau industriel de l’époque. D’un autre côté, dans une colonie où la main-d’œuvre est si chère, quelle est l’industrie qui ne donnerait au travailleur assidu et laborieux un salaire plus considérable que le gain aléatoire des diggings ? Les compagnies minières qui exploitent avec le plus de succès ne sont pas dans une situation plus prospère que les entreprises qui mettent en valeur les autres richesses du pays. En un mot, les mines d’or en sont à ce point qu’une diminution notable de la valeur du métal par rapport aux autres objets d’échange arrêterait la plupart de leurs travaux. Dans l’industrie minière de la province de Victoria, l’équilibre économique entre l’offre et la demande est déjà établi.

Il en est de même dans la Nouvelle-Galles du Sud, dont les terrains aurifères, moins riches et moins étendus, ont fourni depuis 1851 des quantités d’or variables entre 12 et 60 millions par an. Dans la Nouvelle-Zélande, la production, insignifiante jusqu’en 1861, s’est élevée d’une manière subite à 40 millions en 1862 et à 72 millions en 1863. Le gain moyen annuel d’un mineur y atteint, dit-on, 5, 000 francs par an. C’est affaire de temps ; aussitôt que les couches superficielles auront été épuisées et que les mineurs en seront réduits à traiter les filons quartzeux ou les alluvions anciennes, il leur faudra des machines, des capitaux, de longs travaux préparatoires, et leurs gains s’abaisseront comme ils se sont abaissés dans les exploitations du continent.

Veut-on maintenant apprécier la valeur totale du précieux métal sorti chaque année de cette guirlande de terrains aurifères qui entoure