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L'ITALIE
ET LA VIE ITALIENNE
SOUVENIRS DE VOYAGE

III.
ROME. — LES VILLAS. — LES PALAIS. — MICHEL-ANGE.


Villas et palais.

Rien ne m’a plus intéressé dans les villas romaines que les anciens maîtres. Les naturalistes le savent, on comprend très bien l’animal d’après la coquille[1].

L’endroit où j’ai commencé à le comprendre est la villa Albani, bâtie au XVIIIe siècle pour le cardinal Alexandre Albani et sur son propre plan. Ce qu’on y devine tout de suite, c’est le grand seigneur homme de cour à la façon des nobles de notre XVIIe siècle. Il y a des différences, mais les deux goûts sont voisins : c’est l’art et l’arrangement que par-dessus tout ils aiment ; aucune liberté n’est laissée à la nature, tout est factice. L’eau ne s’élance qu’en jets et en panaches, elle n’a pour lits que des vasques et des urnes. Les pelouses sont enfermées dans d’énormes haies de buis plus hautes qu’un homme, épaisses comme des murailles, et formant des triangles géométriques dont toutes les pointes aboutissent à un centre. Sur le devant s’étend une palissade serrée et alignée de petits cyprès. On monte d’un jardin à l’autre par de larges escaliers de pierre, semblables à ceux de Versailles. Les

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1864 et du 1er janvier 1865.