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propre des rayons solaires était supérieure à celle de l’air. J’avais emporté une boîte remplie de sable siliceux de Fontainebleau : un thermomètre placé sur ce sable et légèrement recouvert par lui s’enleva au soleil à 5 degrés au-dessus de zéro, tandis que le thermomètre suspendu à l’air libre en marquait 8 au-dessous. C’était une différence de 13 degrés entre l’échauffement du sable et celui de l’air. Les expériences correspondantes faites au Grand-Plateau et à Chamounix avec le pyrhéliomètre à lentille de M. Pouillet montrèrent que la chaleur des rayons solaires était plus forte de 0°,13 à 0°,31 à 3,930 mètres qu’à 1,040 au-dessus de la mer, quoiqu’à Chamounix la température de l’air à l’ombre fût supérieure de 19°,1 à celle de l’air du Grand-Plateau.

Bravais mesura l’intensité horizontale du magnétisme terrestre avec la même aiguille qu’il avait fait osciller à Paris, Orléans, Dijon, Lyon, Besançon, Berne, Bâle, Soleure, Thun, Brienz, sur le Faulhorn et à dix stations situées autour du Mont-Blanc ; mais, après qu’il eut soumis ces mesures aux calculs les plus précis et les plus minutieux, l’influence de la hauteur sur l’intensité du magnétisme terrestre ne se manifesta pas d’une manière évidente. Aucune loi ne ressortissait des chiffres obtenus : on peut seulement affirmer que la décroissance de la force horizontale du magnétisme est inférieure à la fraction de 1/000 par kilomètre de hauteur verticale. Le même désaccord existe dans les résultats déduits par un savant écossais, J.-D. Forbes, d’une longue série d’observations faites dans les Alpes et les Pyrénées. Que conclure de ces incertitudes ? Rien, sinon qu’il faut perfectionner les moyens d’étudier les forces magnétiques. Dès que cette condition aura été remplie, la loi se manifestera ; c’est ainsi que la science nous enseigne elle-même la nature des lacunes qu’il reste à combler, et nous indique le genre de perfectionnement qu’elles réclament.

Pendant les cinq heures que nous passâmes sur le sommet du Mont-Blanc, nous observâmes quatre fois la hauteur du baromètre. La hauteur moyenne, réduite à la température de la glace fondante, fût de 424mm,29. La température du mercure était au-dessous de zéro, et même à six heures elle était tombée à — 11°,0, celle de l’air étant à — 11°,8. Le psychromètre, instrument destiné à mesurer le degré d’humidité de l’air, nous apprit qu’il était sec, car il ne contenait que 57 pour 100 de la quantité de vapeur d’eau qui eût été nécessaire pour le saturer à cette basse température, et changer en brouillard la vapeur aqueuse invisible qui existe toujours en certaines proportions dans l’atmosphère. Nos observations barométriques et thermométriques devaient servir à contrôler celles de Saussure et les mesures géodésiques du Mont-Blanc faites antérieurement