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tout ce qu’on trouve ailleurs signé de son nom n’étant qu’œuvres officielles et rédactions de ministres ; c’est donc le seul qui nous transmette l’image de son âme. On y sent bien en effet l’âme sympathique qui respire dans les beaux portraits de David ; c’est partout une émotion douce, une mysticité affectueuse, et comme un épanchement continu de cette tendresse diffuse et un peu redondante qui répand tant d’onction dans l’Évangile de saint Jean. L’œuvre littéraire est médiocre et monotone : c’est que dans ses longueurs il cherche moins à développer des pensées qu’à répandre son amour sur son peuple, et la parole politique s’y fond comme dans un écho religieux qui l’accompagne toujours ; mais nous ne devons ici qu’en indiquer la contexture et en faire saisir le sens par une courte analyse.

Il prend naturellement pour point de départ l’objet même de la fête, c’est-à-dire la naissance de l’enfant dont le nom doit affranchir les hommes et les rappeler à leur fraternité originelle. Il salue donc, sous la chaumière de Bethléem, la liberté, mais avant la liberté le devoir, qui en est la première condition. Subordonner l’individu à l’ordre, l’instinct à la loi, l’orgueil à l’égalité de tous, préparer ainsi par le perfectionnement individuel le perfectionnement social, voilà ce qu’annonce avant tout la pauvreté divine de Jésus. Cette subordination de la matière à l’esprit, qui, sans anéantir les passions, les tient sujettes, c’est l’ordre dans l’homme, et la loi qui l’oblige envers lui-même est celle-là précisément qui le rend capable de s’associer aux autres. Est-ce à dire que cette doctrine tende à détruire ce qui le fait homme, et à lui ôter, au profit de la loi, la liberté ? A Dieu ne plaise ! « Ce mot de liberté, dit-il, a son droit sens dans le catholicisme aussi bien que dans la philosophie ; » il n’exprime point la licence, il ne constitue point un droit au mal ; dans la liberté même, il y a le devoir, et nous devons en user non pour la discorde, mais pour l’ordre et pour la paix. Le bon évêque ne sait rien, comme on voit, de cette sophistique de nos jours, qui, corrompant les mots pour dénigrer les choses et feignant de confondre la notion de liberté avec celle de droit, prétend que la liberté du mal et de l’erreur serait le droit à l’erreur et au mal, comme si la liberté était autre chose que l’arène où le devoir s’exerce, et où luttent d’une lutte éternelle le vrai et le faux. Aussi est-ce par là qu’il aborde la liberté politique : il la loue de ce qu’elle exige des vertus. « La forme de gouvernement démocratique, dit-il, adoptée parmi nous ne répugne pas à ces maximes ; au contraire, elle réclame ces vertus sublimes qui ne s’apprennent qu’à l’école de Jésus-Christ, et dont l’observation religieuse fera le bonheur et l’éclat de votre république. » Loin de vous les vues étroites des partis ! « Que la vertu qui