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tion la plus délicate à nos yeux, celle qui peut exciter de respectables scrupules, provient de notre état politique. En matière d’instruction primaire, il semble que l’intervention de l’état n’est justifiée et ne devient nécessaire que lorsque l’esprit d’association a épuisé toute sa force. Il est évident que nous, n’en sommes point là, nous chez qui la liberté d’enseignement est si récente et l’esprit d’association si imparfaitement développé et si étroitement contenu. Faut-Il désespérer de l’avenir de l’association parmi nous ? Faut-il se hâter d’investir l’état d’une nouvelle et immense prérogative en le grevant d’une lourde charge ? C’est un doute devant lequel nous ne sommes point étonnés que l’on s’arrête quelque temps.

Nous ne sommes point disposés à devancer, à propos des affaires d’Italie, les discussions auxquelles la convention du 15 septembre donnera lieu dans le sénat et au corps législatif. Des opinions contraires aux nôtres seront sans doute exposées avec éclat dans ces discussions, mais nous ne redoutons point ce choc d’idées. On dirait que les controverses usent à la longue les aspérités des difficultés politiques. On fait du chemin à travers ces luttes. Les résultats acquis se consolident ; on est bien obligé, en critiquant les actes passés, de faire la part du feu, et de se familiariser avec ce qui est possible. En attendant, les choses se sont bien calmées en Italie. Par son habile départ de Turin et par son retour non moins habile dans sa vieille capitale, le roi Victor-Emmanuel a cicatrisé la blessure piémontaise. Les amusemens du carnaval, arrivant sur tout cela, ont rendu la bonne humeur à tout le monde, et le parlement a repris ses séances. On vote les lois rendues nécessaires par la translation de la capitale. La question financière est la plus importante parmi celles que devra régler la chambre italienne. M. Sella, le ministre des finances, qui a supporté le poids du jour depuis plusieurs mois et qui a fait réussir avec fermeté de hardis expédiens, nous semble commencer à respirer. Son exposé nous montre que l’Italie n’est plus bien éloignée de l’équilibre financier. D’importantes réductions ont été réalisées sur les dépenses. Le revenu ordinaire a reçu de notables accroissemens. Si l’Italie a le courage de recourir à un income-tax, elle aura avant peu des finances dégagées. Pour faire face aux découverts, le gouvernement italien a des ressources considérables dans les versemens de l’emprunt domanial et dans l’aliénation des chemins de l’état. On a parlé d’un nouvel emprunt dans ces derniers temps. L’emploi d’une telle ressource n’est commandé par aucune nécessité pressante, et peut-être la baisse générale du taux de l’intérêt en Europe conseillerait-elle plutôt au trésor italien de parer à ses besoins extraordinaires avec les ressources de la dette flottante. Dans tous les cas, si, pour mieux assurer l’avenir, on songeait par prudence à recourir au crédit avant la fin de cette année, il est évident que le chiffre de la nouvelle émission de rentes devrait être bien inférieur à la somme des derniers emprunts.

Constatons une fois de plus que l’affaire des duchés demeure station-