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(le cent est la centième partie du dollar) par boisseau emmagasiné et s’engage à garder le blé pour un laps de temps qui ne peut dépasser vingt jours ; au-delà de ce terme, le déposant est tenu de payer un demi-cent par jour et par boisseau. Les frais de la compagnie s’élèvent par jour à 175 dollars : ce chiffre permet d’évaluer facilement l’étendue des bénéfices qu’elle réalise.

Les élévateurs, on le voit, ne sont autre chose que des docks à blé : on les trouve partout où le commerce des céréales a pris une grande extension, à Chicago, à Milwaukee, à Buffalo. Chicago en possède 18 qui peuvent recevoir en tout 10 millions de boisseaux. La capacité des plus considérables est de 1,250,000 boisseaux. En 1845, la quantité de céréales embarquée à Chicago sur le lac était de 1 million seulement de boisseaux ; en 1854, ce chiffre s’élevait à 12 millions ; du 1er avril 1863 au 1er avril 1864, il a atteint 54,741,839 boisseaux (comprenant 18,298,532 de froment, 24,906,934 de maïs, 9,909,175 d’avoine, 683,946 de seigle, et 943,252 d’orge). Le tonnage total des navires qui pendant l’année 1864 sont entrés dans le port de Chicago, steamers, remorqueurs, bricks et schooners, s’élève à 223,970 tonneaux[1].

Ces chiffres démontrent que la guerre n’a point interrompu jusqu’ici le développement de l’agriculture dans l’ouest. Financièrement, tout le poids de la lutte gigantesque où l’Union est engagée a pesé sur les états de l’Atlantique. L’ouest, loin de s’appauvrir, s’est enrichi. Avant la crise actuelle, la dette hypothécaire y avait pris des proportions inquiétantes. L’année 1848 avait été marquée par une prospérité extraordinaire, et à cette époque les fermiers, enivrés par le succès, avaient tous fait de larges emprunts pour acheter de la terre et pour faire des améliorations de toute espèce. Malheureusement pour eux, le blé atteignit de

  1. J’emprunte encore quelques chiffres sur l’importance de ce commerce des céréales aux documens du Board of Trade de Chicago.
    Céréales sorties de Chicago de 1859 à 1864

    Année Froment Maïs Avoine Seigle Orge Total
    1859 10,759,359 4,217,654 1,174,177 478,162 131,449 16,753,795 boisseaux.
    1860 15,892,857 13,700,113 1,091,698 156,642 267,449 31,108,759
    1861 23,855,143 24,372,725 1,633,237 393,813 226,534 50,481,862
    1862 22,508,143 29,452,610 3,112,366 871,796 539,195 56,484,110
    1863-1864 18,298,532 24,906,934 9,909,175 683,946 943,252 54,741,839


    Une partie du froment sort à l’état de farine : il y a neuf grands moulins à Chicago. En 1863-64, 1,507,816 barils de farine ont été expédiés de cette ville. La guerre a donné une grande activité à la production des avoines, comme on peut le vérifier sur notre tableau. les chemins de fer qui rayonnent vers le sud sont encombrés sans cesse de trains qui transportent l’avoine aux différentes armées.