daires ou misérables, dont il appartient à l’histoire de faire justice. Enfin, à ces mêmes époques, les nations ne se connaissaient que par les relations établies entre les cours ou par les sanglantes rencontres de leurs armées ; matériellement et moralement, elles vivaient enfermées, dans leurs frontières, étrangères et indifférentes l’une à l’autre ; les rapports commerciaux, qui seuls pouvaient les mettre en contact, étaient gênés par la difficulté des communications et presque nuls. Au point de vue diplomatique, les populations n’existaient pour ainsi dire pas ; elles étaient absorbées tout entières dans la personne du souverain.
Est-il nécessaire de montrer comment les relations internationales et par suite le rôle de la diplomatie se sont modifiés au temps où nous vivons ? La souveraineté du peuple s’est substituée au droit divin des dynasties, de telle sorte que, malgré la conservation de ses anciennes formes, la diplomatie représente aujourd’hui la nation autant et même, plus que le prince. Quand elle parle ou agit au nom du souverain, elle subit l’irrésistible influence de l’intérêt populaire, duquel elle relève directement par la publicité, immédiate ou prochaine, qui attend ses actes et ses moindres paroles. Elle s’incline, elle aussi, devant l’opinion publique, puissance nouvelle qui voit aujourd’hui à ses pieds toutes les autorités et tous les orgueils. Certes l’opinion publique n’est point exempte des passions, des préjugés, des caprices qui révèlent, dans les affaires de ce monde, le côté humain de la toute-puissance ; mais la tyrannie qu’elle exerce à l’égal des princes s’applique à des objets d’un ordre différent et d’un caractère plus général. L’opinion publique ne se borne point à demander que la paix règne entre les gouvernemens et l’harmonie entre les cours ; elle veut que l’on s’occupe des questions multiples et complexes qui intéressent la prospérité et le bien-être des populations. Elle réclame donc des traités de commerce et de navigation, des conventions postales et télégraphiques, des négociations qui aient pour principal objet la facilité des rapports internationaux. La diplomatie a dû se mettre au service de ces nouveaux besoins.
Quelques esprits ont pensé que, par suite de la fréquence et de la rapidité des communications directes entre les gouvernemens et entre les peuples, la diplomatie avait fait son temps, que la poste et le télégraphe lui avaient signifié son congé, et qu’elle n’avait plus de raison d’être. A quoi bon des ambassades avec leur appareil fastueux et coûteux, pourquoi des intermédiaires, quand il est si-facile aux cabinets d’échanger leurs idées, de s’entendre et même de discuter, à l’aide de l’électricité et de la vapeur ? Nous n’en sommes plus, ajoute-t-on, aux négociations secrètes, aux intrigués sourdes,